Localisation: France/Provence-Alpes-Côte d'Azur/Vaucluse
Site : Vaison - Enclos des Cordeliers nom(s) antique(s): Vasio
Province romaine: Narbonensis
Peuple gaulois: Vocontii
Support: plaque
Matériau: calcaire
Description du support: Petite plaque en calcaire à grain très fin, présentement de 6,5 cm d'épaisseur × 31 cm de large × 25 cm de haut, passant à gauche, en haut, à droite, en bas, au ras des lettres, sans mutiler le texte. Ce découpage (on le voit d'après les mesures qu'il mentionne) était déjà chose faite lorsque A. Deloye vit la pierre ; il visait à rendre le document écrit aussi maniable que possible (en vue, peut-être, d'un ultérieur encastrement ?) : travail d'un collectionneur (soit Rostant, soit un propriétaire antérieur ?). Nous ne savons rien du monument d'où ce fragment inscrit a été détaché. Mais il est clair que, difficilement lisible à distance à cause du format modeste des lettres, cette dédicace devait avoir été logée (sur un pilier ?) sensiblement à hauteur de vue.
État de conservation: Inscription complète.
Lieu de découverte: enclos des Cordeliers
Contexte local: Chr. Goudineau rappelle que l’enclos des Cordeliers, où a été découverte la plaque de calcaire, n’est pas loin du « quartier des boutiques » : l’enclos sacré offert à Belisama mentionné dans l’inscription pourrait selon lui correspondre au sanctuaire découvert par Y. de Kisch (Goudineau et al. 1999 pp. 69).
Conditions de découverte: Trouvé en 1835 à Vaison, à l’emplacement du couvent des Cordeliers, à l’intersection de la rue de Maquis et de l’avenue Victor Hugo, au sud de l’enclos des Cordeliers.
Historique de conservation: « [L'inscription] a été portée au Musée d'Avignon en 1841 » (Paule-Louis de la Saussaye, Saussaye 1842 pp. 163), inv. E 25.
Lieu de conservation: Avignon
Institution de conservation: Musée Calvet
N° inventaire: E 25
Autopsie: Photographiée dans le cadre du projet RIIG par Coline Ruiz Darasse et Florent Comte en 2020 dans la Chapelle des Jésuites, musée lapidaire Calvet d'Avignon.
En 2021, l'inscription a été restaurée à l'occasion d'une exposition au musée de Lattes (voir le catalogue : Roure et Dusseaux 2021 ). En 2023, Coline Ruiz Darasse et David Stifter ont procédé à un nouvel examen de la plaque au musée lapidaire Calvet d'Avignon. Le nettoyage fait apparaître plus nettement la présence possible d'une interponction entre ειωρου et βηληϲαμι.
Signalement: Jean-François de Paule-Louis de la Saussaye (Saussaye 1842 pp. 163) : « Je dois à l'amitié de M. Prosper Mérimée de pouvoir produire ici une inscription encore inédite où se trouve... l'ethnique grec de Nemausus. Cette inscription, gravée sur une pierre de 25 cm de hauteur et de 31 de largeur, a été trouvée en 1840 à Vaison... d'où elle a été portée au musée d'Avignon en 1841. Elle paraît relative à la consécration d'un sanctuaire. Heureusement pour moi, il n'entre pas dans mon sujet d'expliquer ce curieux spécimen de grec rustique des Gaulois de la Narbonnaise. » [suit en majuscules d'imprimerie un texte parfaitement correct.] A. Deloye (Deloye 1848 pp. 312) : « Dans la partie de Vaison qu'on a lieu de croire antérieure à la conquête romaine, au Sud et à cent ou deux cents pas de l'enclos des Cordeliers, on a découvert il y a environ douze à quinze ans une inscription toute grecque... L'auteur de cette notice... ne put examiner cette inscription que pendant quelques minutes. Elle appartenait alors à M. Rostant, officier de santé... Elle a été transportée au Musée Calvet à Avignon en 1841 et a été publiée l'année suivante par M. de la Saussaye ». A. Deloye a donc vu la pierre à Vaison, chez son propriétaire avant 1841 et il y a lieu de le croire quant au lieu et à la date (vers 1835 et non en 1840) de la trouvaille. M. Prosper Mérimée n'a probablement vu la pierre qu'au musée, en 1841.
Description de l'inscription: Texte en graphie continue, gravée sur sept lignes ; un seul mot (βηλη|σαμι) a été coupé entre deux lignes.
Description de l'écriture: Lettres capitales de 20 mm (ⲱ) à 40 mm (λ) de haut. Les ε et σ lunaires, ⲱ cursif, α à barrette convexe ; l'auteur du texte use de ⲱ et η. Gravure soignée.
Remarques de Michel Lejeune :
Au début de la l.3, le lapicide avait d'abord gravé του... ; il a effacé le υ fautif (dont on aperçoit encore la trace) pour écrire ο par-dessus, et aboutir à la graphie correcte τοου... ; mais, mal parti, il a fait, plus loin dans la même ligne, une autre erreur ους... au lieu de ...ος, erreur qu'il n'a pas vue, ou en tout cas pas corrigée.
Type de texte: Inscription religieuse / cultuelle
Datation du texte: -IIe/-Ier siècle
Justificatif de datation: contexte.
Niveau de certitude: ◉○○
Édition corpus: RIG I p. 205-209 ; RIG I p. 206 fig. 178 .
Commentaire bibliographique: Saussaye 1842 ; Deloye 1848 ; Becker 1852 p. 120 ; Mommsen 1853 p. 240 ; Stark 1853 ?? 55-57 col. 370 ; Stokes 1858 p. 451 ; Pictet 1867c p. 385 ; p. 42 (3) ; Hirschfeld 1883 p. 42 ; Stokes 1886 p. 122 (6) ; Héron de Villefosse 1887 p. 204 (8) ; CIL XII p. 162 ; Allmer 1875 p. 128 (457) ; Germer-Durand 1892 p. 654 ; Sacaze 1892 p. 119 ; Allmer 1895 p. 375 (1134) ; Esperandieu 1900a p. 10 (3) ; Rhŷs 1906 p. 285 (VI) ; Dottin 1918 p. 149 ; Sautel 1926 II p. 4 (2) ; Sautel 1926 III pl. I ; Sautel 1939 p. 58 (39) ; Gray 1942 p. 442 ; Thurneysen 1946 ; Schmidt 1957 ; Holder 1962 ; Evans 1967 ; ; Whatmough 1970 p. 109 ; Lejeune 1977d ; Lambert 1979 ; Lejeune 1980a ; Lejeune 1980c ; CAG 84-1 p. 288-289 .
Texte
01 ϹЄΓΟΜΑΡΟϹ 02 ΟΥΙΛΛΟΝЄΟϹ 03 ΤΟΟΥΤΙΟΥϹ 4 ΝΑΜΑΥϹΑΤΙϹ 05 ЄΙⲰΡΟΥΒΗΛΗ 06 ϹΑΜΙϹΟϹΙΝ 07 ΝЄΜΗΤΟΝ |
01 σεγομαρος 02 ουιλλονεος 03 τοουτιους 4 ναμαυσατις 05 ειωρου βηλη- 06 σαμι σοσιν 07 νεμητον |
01 ϹЄΓΟΜΑΡΟϹ 02 ΟΥΙΛΛΟΝЄΟϹ 03 ΤΟΟΥΤΙΟΥϹ 4 ΝΑΜΑΥϹΑΤΙϹ 05 ЄΙⲰΡΟΥΒΗΛΗ 06 ϹΑΜΙϹΟϹΙΝ 07 ΝЄΜΗΤΟΝ |
01 σεγομαρος 02 ουιλλονεος 03 τοουτιους 4 ναμαυσατις 05 ειωρου βηλη- 06 σαμι σοσιν 07 νεμητον |
01 ϹЄΓΟΜΑΡΟϹ 02 ΟΥΙΛΛΟΝЄΟϹ 03 ΤΟΟΥΤΙΟΥϹ 4 ΝΑΜΑΥϹΑΤΙϹ 05 ЄΙⲰΡΟΥ▴ΒΗΛΗ 06 ϹΑΜΙϹΟϹΙΝ 07 ΝЄΜΗΤΟΝ |
01 σεγομαρος 02 ουιλλονεος 03 τοουτιους 4 ναμαυσατις 05 ειωρου βηλη- 06 σαμι σοσιν 07 νεμητον |
01 σεγομαρος 02 ουιλλονεος 03 τοουτιους 4 ναμαυσατις 05 ειωρου βηλη- 06 σαμι σοσιν 07 νεμητον |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme nominatif masc. sg. thème en -o substantif (statut civique) nominatif masc. sg. thème en -o ethnonyme nominatif masc. sg. thème en -i verbe 3e pers. sg. prétérit théonyme datif fém. sg. thème en -ā démonstratif accusatif substantif accusatif |
01 σεγομαρος 02 ουιλλονεος 03 τοουτιους 4 ναμαυσατις 05 ειωρου βηλη- 06 σαμι σοσιν 07 νεμητον |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme nominatif masc. sg. thème en -o substantif (statut civique) instrumental-sociatif pl. masc. thème en -o ethnonyme nominatif masc. sg. thème en -i verbe 3e pers. sg. prétérit théonyme datif fém. sg. thème en -ā démonstratif accusatif substantif accusatif |
01 σεγομαρος 02 ουιλλονεος 03 τοουτιους 4 ναμαυσατις 05 ειωρου βηλη- 06 σαμι σοσιν 07 νεμητον |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme nominatif masc. sg. thème en -o substantif (statut civique) instrumental-sociatif pl. masc. thème en -o ethnonyme nominatif masc. sg. thème en -i verbe 3e pers. sg. prétérit théonyme datif fém. sg. thème en -ā démonstratif accusatif substantif accusatif |
Traduction:
de Michel Lejeune : MLE-a
Segomaros fils de Villo(nos), citoyen de Nîmes, a dédié à Belesama ce lieu sacré.
de Pierre-Yves Lambert : PLT-a
Segomaros fils de Villū, avec ses concitoyens de Nîmes, a dédié à Belesama ce lieu sacré.
Apparat critique:
Remarques de Michel Lejeune : MLE-a
Sur la signification, accord général, les divergences ne concernant que des détails.
Le nom Segomāros est connu ailleurs, notamment en Narbonnaise aux Baux (BDR-05-03), et à Couchey en Côte d'Or (Dottin 1918 , Whatmough 1970 (161)). Sur ce composé, voir Schmidt 1957 pp. 238, 265 et Evans 1967 pp. 111, 223, 254. Le père s'appelait soit *Villō (thème à nasale *Villon-) soit *Villonos ; un potier Villō est connu (Holder 1962 II (319)), mais, à cela près, la souche est isolée (Evans 1967 pp. 477). Dérivé patronymique en -eo-.
Du dérivé τοουτιους de toutā, il convient d'abord de rappeler que la forme est certainement incorrecte, faute de crédibilité pour une suffixation *-yu- ( pp. 45 ; le mécanisme de l'erreur est apparent : lapsus dittographique pour τοουτιος ; thème, donc, toutio-, identique au premier terme de composé de Toutio-rīx (Schmidt 1957 pp. 280, Evans 1967 pp. 266), alors que les anthroponymes du type Toutios (Holder 1962 II (1898)) pourraient être aussi bien des hypocoristiques formés sur les composés en Touto-. On a hésité, pour l'appellatif toutio-, entre le sens « citoyen » et le sens « homme public, magistrat » ; le premier est plus probable ; l'Apollon Toutiorix de Wiesbaden (CIL XIII (7564)) est plutôt « souverain des citoyens » que « souverain des magistrats ». Le dévot de Vaison indique son origine, du fait même qu'il est étranger : à titre privé, non-officiel, un Volque est venu faire dédicace chez les Voconces.
Du nom indigène de Nîmes, deux ethniques : l'un est en -āti- (ici), l'autre en -iko- (à Nîmes, datif féminin pluriel ναμαυσικαϐο, GAR-10-01). Le nom de la ville est en Nam- dans ces deux textes, qui sont nos deux seules sources indigènes, en regard de Νέμαυσος, Nemausus dans la tradition classique (épigraphique et littéraire) ; monnayage local : d'abord Ναμ-, plus tard Νεμ, NEM-.
La venue au jour de notre texte suivit de peu celle (1839) de la dédicace de Martialis à Alise-Sainte-Reine (Dottin 1918 (33), Whatmough 1970 (169) : ... ieuru... sosin celicnon...) et on avait déjà alors d'autres inscriptions ieuru (à Nevers, à Auxey, au Vieux-Poitiers). On a donc sur-le-champ reconnu un verbe (prétérit 3e singulier) en ειωρου bien que la correspondance soit imparfaite entre et ειω- et ieu-. Sur le sens (qui est « dēdicāuit », et non « fēcit »), voir en dernier lieu Lejeune 1980a pp. 110. La morphologie est encore mal élucidée ; sur les diverses hypothèses (et avec une hypothèses nouvelle), voir en dernier lieu Lambert 1979 pp. 110 ; mais on souhaiterait un second témoignage gallo-grec (ειωρου, qui est, un hapax, est livré par un texte qui manifeste, par ailleurs, un lapsus).
La dédicataire est une déesse, également connue par l'inscription latine d'un cippe votif à Saint-Lizier (Ariège), Mineruae Belisamae sacrum (CIL XIII (8)) ; le flottement e/i en syllabe intérieure rappelle celui de Belenos/Belinos. Comme l'a reconnu Stokes dès 1858, datif en ī de première déclinaison, comme celui que postule l'irlandais (Thurneysen 1946 296). Mais ajouter que cet ī est lui-même, dès la fin de la période gallo-grecque, l'aboutissement du plus ancien -ai.
Sur le démonstratif, voir Lejeune 1980c pp. 51 : ... ειωρου... σοσιν νεμητον ici, comme ... ieuru... sosin celicnon... à Alise-Sainte-Reine (Dottin 1918 ). Le mot νεμητον (avec variante graphique η de ε) était déjà connu comme galate par Strabon (Strabon XII 5 1 : ἄνδρες... τριακόσιοι συνήγοντο... εἰς τὸ (codd. τὸν ; nous corrigeons) καλούμενον δρυνέμετον (codd. δρυναίμετον) ; il figure en Gaule au second terme de toponymes gallo-romains neutres comme Augustonemetum, etc ; il se manifeste au premier terme d'un anthroponyme comme Nemetogena (Bordeaux ; Schmidt 1957 pp. 248) ; il survit en celtique insulaire : vieil-irlandais neutre (ensuite, et secondairement, masculin) nemed, glosant « sacellum ». Comme l'indique le mot galate (à premier terme drū- (« chêne »), ce lieu sacré est proprement, un lucus (voir aussi Holder 1962 II (712)). Autre dédicace gauloise d'un lucus : celle de Verceil, avec traduction latine finis campo quem dedit Acisius Argantocomatereeus comunem deis et hominibus (borne bilingue ; cf. Lejeune 1977d ). L'inscription de Segomaros doit provenir d'un élément de délimitation (par exemple, un pilier) d'un tel lucus.
Sur une éventuelle structure métrique du texte, hypothèses inconsistance chez Rhŷs (Rhŷs 1906 ) (dactyles) et chez Gray (Gray 1942 ) (trochées).
Le nom Segomāros est connu ailleurs, notamment en Narbonnaise aux Baux (BDR-05-03), et à Couchey en Côte d'Or (Dottin 1918 , Whatmough 1970 (161)). Sur ce composé, voir Schmidt 1957 pp. 238, 265 et Evans 1967 pp. 111, 223, 254. Le père s'appelait soit *Villō (thème à nasale *Villon-) soit *Villonos ; un potier Villō est connu (Holder 1962 II (319)), mais, à cela près, la souche est isolée (Evans 1967 pp. 477). Dérivé patronymique en -eo-.
Du dérivé τοουτιους de toutā, il convient d'abord de rappeler que la forme est certainement incorrecte, faute de crédibilité pour une suffixation *-yu- ( pp. 45 ; le mécanisme de l'erreur est apparent : lapsus dittographique pour τοουτιος ; thème, donc, toutio-, identique au premier terme de composé de Toutio-rīx (Schmidt 1957 pp. 280, Evans 1967 pp. 266), alors que les anthroponymes du type Toutios (Holder 1962 II (1898)) pourraient être aussi bien des hypocoristiques formés sur les composés en Touto-. On a hésité, pour l'appellatif toutio-, entre le sens « citoyen » et le sens « homme public, magistrat » ; le premier est plus probable ; l'Apollon Toutiorix de Wiesbaden (CIL XIII (7564)) est plutôt « souverain des citoyens » que « souverain des magistrats ». Le dévot de Vaison indique son origine, du fait même qu'il est étranger : à titre privé, non-officiel, un Volque est venu faire dédicace chez les Voconces.
Du nom indigène de Nîmes, deux ethniques : l'un est en -āti- (ici), l'autre en -iko- (à Nîmes, datif féminin pluriel ναμαυσικαϐο, GAR-10-01). Le nom de la ville est en Nam- dans ces deux textes, qui sont nos deux seules sources indigènes, en regard de Νέμαυσος, Nemausus dans la tradition classique (épigraphique et littéraire) ; monnayage local : d'abord Ναμ-, plus tard Νεμ, NEM-.
La venue au jour de notre texte suivit de peu celle (1839) de la dédicace de Martialis à Alise-Sainte-Reine (Dottin 1918 (33), Whatmough 1970 (169) : ... ieuru... sosin celicnon...) et on avait déjà alors d'autres inscriptions ieuru (à Nevers, à Auxey, au Vieux-Poitiers). On a donc sur-le-champ reconnu un verbe (prétérit 3e singulier) en ειωρου bien que la correspondance soit imparfaite entre et ειω- et ieu-. Sur le sens (qui est « dēdicāuit », et non « fēcit »), voir en dernier lieu Lejeune 1980a pp. 110. La morphologie est encore mal élucidée ; sur les diverses hypothèses (et avec une hypothèses nouvelle), voir en dernier lieu Lambert 1979 pp. 110 ; mais on souhaiterait un second témoignage gallo-grec (ειωρου, qui est, un hapax, est livré par un texte qui manifeste, par ailleurs, un lapsus).
La dédicataire est une déesse, également connue par l'inscription latine d'un cippe votif à Saint-Lizier (Ariège), Mineruae Belisamae sacrum (CIL XIII (8)) ; le flottement e/i en syllabe intérieure rappelle celui de Belenos/Belinos. Comme l'a reconnu Stokes dès 1858, datif en ī de première déclinaison, comme celui que postule l'irlandais (Thurneysen 1946 296). Mais ajouter que cet ī est lui-même, dès la fin de la période gallo-grecque, l'aboutissement du plus ancien -ai.
Sur le démonstratif, voir Lejeune 1980c pp. 51 : ... ειωρου... σοσιν νεμητον ici, comme ... ieuru... sosin celicnon... à Alise-Sainte-Reine (Dottin 1918 ). Le mot νεμητον (avec variante graphique η de ε) était déjà connu comme galate par Strabon (Strabon XII 5 1 : ἄνδρες... τριακόσιοι συνήγοντο... εἰς τὸ (codd. τὸν ; nous corrigeons) καλούμενον δρυνέμετον (codd. δρυναίμετον) ; il figure en Gaule au second terme de toponymes gallo-romains neutres comme Augustonemetum, etc ; il se manifeste au premier terme d'un anthroponyme comme Nemetogena (Bordeaux ; Schmidt 1957 pp. 248) ; il survit en celtique insulaire : vieil-irlandais neutre (ensuite, et secondairement, masculin) nemed, glosant « sacellum ». Comme l'indique le mot galate (à premier terme drū- (« chêne »), ce lieu sacré est proprement, un lucus (voir aussi Holder 1962 II (712)). Autre dédicace gauloise d'un lucus : celle de Verceil, avec traduction latine finis campo quem dedit Acisius Argantocomatereeus comunem deis et hominibus (borne bilingue ; cf. Lejeune 1977d ). L'inscription de Segomaros doit provenir d'un élément de délimitation (par exemple, un pilier) d'un tel lucus.
Sur une éventuelle structure métrique du texte, hypothèses inconsistance chez Rhŷs (Rhŷs 1906 ) (dactyles) et chez Gray (Gray 1942 ) (trochées).
Commentaires:
Remarques de Carlos Jordán : MLE-a PLT-a
Pour les différentes analyses morpho-etymologiques, vid. aussi Delamarre 2018 s.uu. sego-, « victoire, force » ; maros, « grand » ; toutios, « citoyen » ; ieuru, « a offert, a dédié » ; sosin, « ce, hoc » ; nemeton, « sanctuaire » (< « bois sacré »).
Remarques de Dagmar Wodtko : MLE-a PLT-a
Lambert 2018 pp. 55 vermutet, dass es sich bei τοουτιους um einen soziativen Instr. pl. „avec ses concitoyens“ handeln könnte, der auf *-ōis zurück ginge.
Zu einem möglichen Suffix -yu- s. auch Lambert 2013b (126-128), der in einer Bildung wie τοουτιους mit Einfluss der griechischen denominalen Nomina agentis auf -ευς rechnet. Die gr. -ευς-Nomina hat Hajnal 2005 mit der produktiven Bildeweise von denominalen Nomina agentis auf -ius im Litauischen verglichen; s. zu diesen Skardžius 1943 (78).
Zu beachten bleibt auch die Verbindung TOVTIV TREBAQVE (ERClunia 100; s. Gorrochategui 2011 pp. 211-214) aus keltiberischem Gebiet.
Remarques de Carlos Jordán : MLE-a PLT-a
Dans AE 1988 (805), une stèle trouvée à Clunia (Burgos), on lit toutiu, que Gorrochategui 2011 complète en toutius et, en raison de la structure du texte, suggère de considérer comme un mot celtibère, décliné en latin, qui désignerait un « magistrat » et non un « citoyen ». Cependant, il y a une autre interprétation possible : le mot est complet et pourrait être un nominatif singulier d'un thème en nasale. Il serait donc en celtibère. Il pourrait en effet faire référence à une personne qui apparaît sur la stèle, mais il pourrait aussi s'agir d'une référence à un collectif, surtout si l'on tient compte du fait qu'il est suivi de l'expression trebaque.
Commentaire sociolinguistique:
Remarques de María José Estarán :
- Genre épigraphique : édilitaire et religieux
- Le dédicant est un citoyen de Nîmes (ou un magistrat). Expression de l'identité civique : impact de la culture romaine.
Remarques de Alex Mullen :
- Gaulish patronymic adjective -eos.
- IEVRV example, see Lambert 1979 , Lejeune 1980a , Estarán 2021 .
- Rare mention of local civic affiliation, in this case to the community at Nîmes. Note however that there is no certainty that Segomaros is a 'citizen' in the the Roman sense of the term. He does not have the naming formula which would indicate citizenship and even in Latin inscriptions when individuals have the description civis X this does not always mean citizenship but sometimes indicates simply belonging to civitas X.
Photos
Dédicace de Vaison (lumière rasante) | Dédicace de Vaison (occlusion) | Dédicace de Vaison (détail de l'inscription) | Dédicace de Vaison (couleur) | RIG 1, fig. 178 : Graffite G-153 de Vaison |
Bibliographie du RIG: Saussaye 1842 ; Deloye 1848 ; Becker 1852 ; Stark 1853 ; Mommsen 1853 ; Stokes 1858 ; Pictet 1867a ; Allmer 1875 ; Hirschfeld 1883 ; Stokes 1886 ; Héron de Villefosse 1887 ; Sacaze 1892 ; Allmer 1895 ; Holder 1896–1913 ; Dottin 1918 ; Thurneysen 1946 ; Lejeune 1968a ; Whatmough 1970 ; Lambert 1979 ; Lejeune 1980a ;
Bibliographie du RIIG: Skardžius 1943 ; Lambert 1979 ; Lejeune 1980a ; CAG 84-1 ; Schumacher 2004 ; Gorrochategui 2011 ; Mullen 2013 ; Lambert 2013b ; Lambert 2018 ; Delamarre 2018 ; Estarán 2021 ; Roure et Dusseaux 2021 ; Hajnal 2005.
Linked Data:
- -IIe/-Ier siècle : http://n2t.net/ark:/99152/p09hq4n6svx
- -IIe/-Ier siècle : http://n2t.net/ark:/99152/p09hq4n9m89
- Plaque : https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt7HbtemJhVu
- Calcaire : https://www.eagle-network.eu/voc/material/lod/57
- Complète : https://www.eagle-network.eu/voc/statepreserv/lod/2
- Inscription religieuse / cultuelle : https://www.eagle-network.eu/voc/typeins/lod/81
- Gravée : https://www.eagle-network.eu/voc/writing/lod/3
- Musée Calvet : https://www.trismegistos.org/collection/549
- Narbonensis : https://www.trismegistos.org/place/19860
- VaisonVasio : https://www.trismegistos.org/place/20928
- Vocontii : https://www.trismegistos.org/place/6141
- France : https://www.trismegistos.org/place/693
How to cite: Ruiz Darasse C., Blanchet H., Jordán Cólera C., Stifter D., Wodtko D., Estarán M.-J., Mullen A., Chevalier N., Prévôt N., « RIIG VAU-13-01 », dans Ruiz Darasse C. (éd.), Recueil informatisé des inscriptions gauloises, https://riig.huma-num.fr/, DOI : 10.21412/petrae_riig_VAU-13-01 (consulté le 12 novembre 2024).
XML EpiDoc
URI : https://riig.huma-num.fr/documents/VAU-13-01
Dernière modification : 2024-04-17; Michel Lejeune (First editor); Coline Ruiz Darasse (Project coordinator and contributor); Hugo Blanchet (Contributor); Carlos Jordán Cólera (Contributor); David Stifter (Contributor); Dagmar Wodtko (Contributor); María José Estarán Tolosa (Contributor); Alex Mullen (Contributor); Nolwenn Chevalier (Metadata, TEI encoding); Florent Comte (3D); Nathalie Prévôt (Database Design)