Localisation: France/Provence-Alpes-Côte d'Azur/Bouches-du-Rhône
Site : Istres - Oppidum du Castellan
Province romaine: Narbonensis
Support: Paroi rocheuse
Matériau: grès
Description du support: Paroi rocheuse en grès vert haute de 3 m environ sur le flanc oriental de la colline.
État de conservation: Inscription complète à gauche et à droite, en bon état de conservation.
Lieu de découverte: oppidum du Castellan
Contexte local: L’oppidum du Castellan, occupé, avec des discontinuités, du -VIe au Ier siècle ap., se situe sur un promontoire rocheux qui s’avance sur l’étang de l’Olivier au nord, à environ 735 m à l’ouest de l’étang de Berre, au nord du centre ancien d’Istres. Le Castellan est restructuré dans la première moitié du -Ier s. et la surface habitée connaît un repli dans la zone étudiée. Il a fourni un abondant mobilier céramique, dont font partie les graffites gallo-grecs (BDR-17-02) à (BDR-17-06). L’inscription se situe sur le flanc oriental de la colline, gravée dans la roche, vers la paroi est du rempart, 15 m au nord d’un escalier en lien avec des activités d’extraction de la pierre.
Conditions de découverte: Inscription rupestre découverte sur le flanc oriental de la colline de l'oppidum du Castellan.
Lieu de conservation: Istres
Institution de conservation: In situ
Autopsie: Premier signalement (...ATPON, sans commentaire) par E. Aquaron, Aquaron 1949 pp. 20.
Puis F. Benoît, Benoit et Rolland 1950 pp. 123 : « inscription latine à caractères grecs MATRON(IS) » ; repentir en 1965 (Benoît 1965 pp. 23) : « génitif grec ματρον (o rendant en Gaule le ω du grec) plutôt que datif MATRON(IS) ».
C'est cette seconde version que reprend G. Amar, Amar 1977 pp. 47. Bien entendu, le texte n'est pas plus grec (on aurait μητέρων) que latin ; mais ce double dévoiement des notices a retardé l'accès du document au corpus gallo-grec.
C'est Bernard Liou, d'Aix, qui l'a obligeamment signalé à Michel Lejeune.
L'inscription a été photographiée in situ par Coline Ruiz Darasse et Hugo Blanchet dans le cadre du projet RIIG en juin 2021, en présence de Frédéric Marty.
Description de l'inscription: L'inscription est très profondément gravée à quelque 2,40 m au-dessus du sol. Celle-ci est horizontale et de format monumental, le texte se développe sur 135 cm.
Description de l'écriture: Les premières lettres capitales mesurent de 20 cm à 22 cm de hauteur ; les deux dernières sont un peu plus haut logées et de dimensions moindres (17 cm), le lapicide ayant voulu éviter un ressaut horizontal de la surface. Les creux de la gravure entaillent le calcaire coquillier sur 35 mm à 40 mm. Avec μ ligaturé à un α à barrette brisée.
Type de texte: Inscription religieuse / cultuelle
Datation du texte: -IIe/-Ier siècle
Justificatif de datation: contexte. Pas de critère pour une datation.
Niveau de certitude: ◉○○
Édition corpus: Lejeune 1988a p. 97-101 ; Lejeune 1988a p. 100-101 (12-13) .
Commentaire bibliographique: Aquaron 1949 ; Benoit et Rolland 1950 ; Benoit et Rolland 1954 ; Benoît 1965 ; Amar 1977 ; Bauchhenss et Neumann 1987 ; McCone 1994 ; Jordán 2019.
Texte
01 ⁽ΜΑ⁾ΤΡΟΝ |
01 ⁽μα⁾τρον |
01 [---]ΑΤΡΟΝ |
01 [---]ατρον |
01 ΜΑΤΡΟΝ |
01 ματρον(ις) |
01 ΜΑΤΡΟΝ |
01 ματρον |
01 ⁽μα⁾τρον |
théonyme génitif pl. fém. thème consonantique |
01 [---]ατρον |
01 ματρον(ις) |
datif |
01 ματρον |
génitif |
Traduction:
de l'équipe du RIIG :
Des Mères.
Apparat critique:
Remarques de Michel Lejeune : MLE-a
Génitif pluriel du nom gaulois des « Mères ».
Le mot est porteur d'une information philologique bienvenue. La finale -on de gén. pl. était attendue, mais non attestée encore, pour les thèmes consonantiques, en regard de -on aussi dans la deuxième déclinaison (ainsi anderon à Chamalières) et -anon dans la Ire (ainsi, avec nasale finale localement labiale, bnanom au Larzac).
Mais surtout cette donnée vient combler une des lacunes de notre paradigme des noms de parenté en -ter-, lequel se présente ainsi désormais :
Le mot est porteur d'une information philologique bienvenue. La finale -on de gén. pl. était attendue, mais non attestée encore, pour les thèmes consonantiques, en regard de -on aussi dans la deuxième déclinaison (ainsi anderon à Chamalières) et -anon dans la Ire (ainsi, avec nasale finale localement labiale, bnanom au Larzac).
Mais surtout cette donnée vient combler une des lacunes de notre paradigme des noms de parenté en -ter-, lequel se présente ainsi désormais :
- nomin. sg. : matir (Larzac) ; duχtir (Larzac)
- acc. sg. : [m]aterem (Larzac)
- gén. sg. : ?
- dat. sg. : ?
- nomin. pl. : ?
- acc. pl. : ?
- gén. pl. : ματρον (Istres)
- dat. pl. : ματρεϐο (Glanum, Nîmes) ; atrebo (Plumergat)
Commentaires:
Remarques de Carlos Jordán :
Le celtibère a une terminaison au génitif pluriel de tous les thèmes -um <*-ōm. Cela pose un problème avec la terminaison théorique en gaulois (et en vieil irlandais) -on < *-ŏm. Sur cette question et les solutions proposées, voir Jordán 2019 pp. 169-176. En celtibère, le mot « mère » n’est pas attesté, bien que dans l’épigraphie latine de la région celtibère, MATRVBOS apparaisse une fois au lieu de MATRIBVS.
Commentaire sociolinguistique:
Remarques de Michel Lejeune : MLE-a
Non point dédicace (qui requerrait le datif) mais déclaration d'appartenance aux Mères d'un lieu consacré. Sur le culte des Mères, voir Bauchhenss et Neumann 1987 , actes d'un colloque tenu à Göttingen en mai 1984).
Il n'y a jamais eu à cet endroit de bâtiment cultuel, puisque c'est à la paroi naturelle qu'on a dû confier l'inscription. Mais il aurait pu y avoir un lieu de dévotion en plein air ; c'est ce qu'imaginait sans doute F. Benoît quand il a (mais vainement) fouillé au pied du rocher en quête de matériel votif : « La fouille, poussée jusqu'au sol de galets, sur 4 m de long et 2,2 m de profondeur [sic ; entendre : de largeur] n'a donné aucun débris de poterie » (Benoit et Rolland 1954 pp. 473).
Il semble alors, sous réserve de nouvelles trouvailles, que ce soit, de façon large, tout ou partie du Castellan qui, à un moment donné, a été ainsi placé sous la protection des Mères.
Il n'y a jamais eu à cet endroit de bâtiment cultuel, puisque c'est à la paroi naturelle qu'on a dû confier l'inscription. Mais il aurait pu y avoir un lieu de dévotion en plein air ; c'est ce qu'imaginait sans doute F. Benoît quand il a (mais vainement) fouillé au pied du rocher en quête de matériel votif : « La fouille, poussée jusqu'au sol de galets, sur 4 m de long et 2,2 m de profondeur [sic ; entendre : de largeur] n'a donné aucun débris de poterie » (Benoit et Rolland 1954 pp. 473).
Il semble alors, sous réserve de nouvelles trouvailles, que ce soit, de façon large, tout ou partie du Castellan qui, à un moment donné, a été ainsi placé sous la protection des Mères.
Remarques de Alex Mullen :
A large inscription which may have been intended to reach a large local audience.
Photos
Bibliographie du RIG: Aquaron 1949 ; Benoit et Rolland 1950 ; Benoit et Rolland 1954 ; Benoît 1965 ; Amar 1977 ; Bauchhenss et Neumann 1987 ; Lejeune 1988a.
Bibliographie du RIIG: McCone 1994 ; Jordán 2019.
Linked Data:
- -IIe/-Ier siècle : http://n2t.net/ark:/99152/p09hq4n9m89
- -IIe/-Ier siècle : http://n2t.net/ark:/99152/p09hq4nqrjc
- Grès : https://www.eagle-network.eu/voc/material/lod/75
- Paroi rocheuse : https://www.eagle-network.eu/voc/objtyp/lod/211
- Complète : https://www.eagle-network.eu/voc/statepreserv/lod/2
- Inscription religieuse / cultuelle : https://www.eagle-network.eu/voc/typeins/lod/81
- Gravée : https://www.eagle-network.eu/voc/writing/lod/3
- Narbonensis : https://www.trismegistos.org/place/19860
- Istres : https://www.trismegistos.org/place/21421
- France : https://www.trismegistos.org/place/693
How to cite: Ruiz Darasse C., Blanchet H., Stifter D., Mullen A., Chevalier N., Prévôt N., « RIIG BDR-17-01 », dans Ruiz Darasse C. (éd.), Recueil informatisé des inscriptions gauloises, https://riig.huma-num.fr/, DOI : 10.21412/petrae_riig_BDR-17-01 (consulté le 26 avril 2024).
XML EpiDoc
URI : https://riig.huma-num.fr/documents/BDR-17-01
Dernière modification : 2024-04-09; Michel Lejeune (First editor); Coline Ruiz Darasse (Project coordinator and contributor); Hugo Blanchet (Contributor); David Stifter (Contributor); Carlos Jórdan Cólera (Contributor); Alex Mullen (Contributor); Nolwenn Chevalier (Metadata, TEI encoding); Nathalie Prévôt (Database Design)