Inscription de type ieuru () de structure S + V + O.
Le verbe est au pluriel en -s ; on notera l'exceptionnelle évolution eu > ou dans la syllabe radicale (partout ailleurs ieuru, ieuri, avec eu intact, ce qui indique qu'il ne doit pas s'agir d'une diphtongue *eu héritée).
En asyndète (comme en *CHE-01-01), deux sujets ; le premier, lui-même au pluriel, le second : anthroponyme.
Ethnique
Are-sequani
: nominatif pluriel en -ī de seconde déclinaison, issu (vers l'ère chrétienne) d'un plus ancien -oi ; en espèce, après le préverbe are- < *p°rĭ- « le long de » (
812
,
132
) ; le second terme est dérivé l'hydronyme « Seine » / Sequana, peut avoir été non pas *-sequanos mais *-sequanios (avec, alors, évolution -ioi < -iī < -ī) ; probablement suffixe -yo- (*Aresequanios), ici non apparent : la diphtongue finale -oi passant à -ī en gaulois aux environs de l'ère chrétienne, les anciens nomin. pl. en -oi (TANOTALIKNOI, E-1) et en -yoi (ιεμουριοι, GAR-02-03) deviennent, les uns et les autres, des nomin. pl. en -ī. Il est probable que les « voisins de Sequana » ici concernés sont non point, de façon large et imprécise, les riverains du fleuve au long de son cours, mais proprement les voisins de son point d'excellence, celui où il surgit.
Cet ethnique pluriel eût suffi à justifier le pluriel du verbe, et le mot suivant, intercalé entre sujet et verbe, pourrait, a priori, avoir désigné quelque modalité de l'offrande. Mais une telle spécification est étrangère à tout le reste du dossier ieuru, et, d'autre part, il n'apparaît, en cette direction, aucune explication plausible pour le mot. On a donc avantage à voir dans Ariίos un anthroponyme, lequel d'ailleurs appartient à une souche déjà connue (
I
214, 215, 216
,
III
685, 686
).
Il est, en ce cas, probable que cet Ariíos est quelque magistrat local agissant, au nom de la communauté des Aresequani, en faveur d'un évergète qu'on a décidé d'honorer d'une stèle, et dont le nom figure à la l.5. C'est le seul document ieuru où l'objet soit un nom de personne : tour brachylogique « offrir quelqu'un » pour « offrir l'effigie de quelqu'un ».
Dans le forme verbale (3e pluriel ...u-s en regard de 3e singulier ...u), évolution eu < ou en syllabe initiale, dont c'est, pour ce mot, l'unique exemple (contre onze fois ...eu...).
Deux difficultés à la l.5. On attend Luciíon
Nertecomari ou Luciíon
Nertecomareon (ou autre dérivation adjective). Mais, d'une part (moins peut-être lapsus que subterfuge pour gagner de la place), le n fait double emploi de lettre finale de l'idionyme et de lettre initiale du patronyme. D'autre part, le patronyme est coupé court, sans qu'il apparaisse s'il s'agit d'un génitif ou d'un adjectif. Conventionnellement (avec génitif comme à Alise-Sainte-Reine en CDO-01-19), nous transcrirons : Lucio(n) Nertecoma(ri).
L'idionyme est directement emprunté au latin, avec le ū de latin Lūcius alors que le gaulois n'ignore pas une souche Leuc-/Louc- (
II
192sv., 291
; cf. ALL-01-01) ; avec assimilation *nerto < nerte- (sur ces accidents, cf.
93 sv.
).
Le nom du père est de stock indigène, il repose sur le tricomposé *Nerto-co-māros
; nerte- doit s'expliquer (cf.
91
: « e-Fuge für o-Fuge ») comme un doublet de nerto-
249
. Isolément existe un
Co-māros
(
VI
8879
, cf.
V
5997
), ici englobé dans un plus large complexe. Pour -māro-,
238
(avec un gentilice Comarius à Milan,
V
5997
, issu d'un idionyme *Co-māros
) ; mais Evans (
462
) reste indécis sur la seconde partie du composé.
Zu IOVRVS bemerkt
100
: « iourus n'a certainement pas la valeur plurielle: le -s final est plutôt une particule de phrase ». Dagegen schlägt eine Herleitung aus der Endung der uridg. 3. pl. Perfekt vor.
rechnet mit einem Dativ Singular Luciō Nertecoma[ri?] und argumentiert: „Zum einen sind andere Fälle von o-Schreibung beim Dativ Singular in gallo-lateinischen Inschriften bekannt, zweitens handelt es sich in unserem Fall gerade um einen lateinischen Personennamen, der ohnehin einen ō-Dativ aufweisen würde. Als Bedeutung ergäbe sich dann ‘A. (und) A. widmeten (vorliegendes Abbild in Hochrelief) dem L., Sohn des N.', oder besser 'für den L., Sohn des N.', wenn man aufgrund der Formel mit ieuru die Widmung an ein nicht göttliches Wesen ausschließt.“
405
rechnet damit, dass Kasusendungen bei der zweiten Erwähnung abgekürzt erscheinen können und bietet drei mögliche Interpretationen des Textes: (1) „Le chef [ariios, Subjekt] du district près de la Seine (Aresequanom toponyme?) [im Gen.sg.], Lucios [abgekürzte Apposition] Nertecoma(ri), l’a offert.“ (2) „cet ariios [Objekt, neutr. s-St.] de l’Aresequanon, Luciios magistrat 'nertecoma(ricos)‘ [ein Titel] l’a offert.“ [3] „A Aresequana (théonyme), Lucios Nertecoma(ri) a offert l’ariios.“
segmentiert Are Sequania rijos iourus Lucijo Nerte Coma; Are sei Präposition, Sequania ein Gen.sg., der aus -ias entstanden ist und folgendes (eher unklares) rijos bestimmt. In Nerte liege eine Etwicklung des Gen.sg. *Nertī vor, ein Kurzname, der als Patronym zu Lucius fungiert. Coma sei ein zweiter asyndetisch folgender Name, der sich gall. κομα (VAU-03-03 = G114) vergleiche. Corthals übersetzt tentativ “Bei (wegen?) ... der Sequana haben Lucios, Sohn des Nertus [leg. -os], und Coma gewidmet.”
bemerkt “Areséquani áriios ióuru-s Lúcio Nertecoma[] is best translated "To the goddess at the (river) Sequana; the arios (probably the 1st citizen or priest) offered it for the benefit of Lucius son of Nertecomaros."
La pierre porte deux inscriptions, toutes deux en langue gauloise : une dédicace, en caractères latins (A), une signature, en caractères grecs (B).
Le tympan, à surface soigneusement polie, a reçu une dédicace (A) en lettres latines, distribuée sur cinq lignes de longueurs croissantes, et qui le remplit entièrement ; parvenu à la l.5, le lapicide a serré ses lettres dans la crainte d'être pris e court (ce qui est cependant arrivé à ; il a alors pris le parti d'abréger le mot final après ...ma( ), l'amputant ainsi de deux ou de quatre lettres. Ce dispositif triangulaire fait que les fins de lignes ne peuvent être ajustées aux fins de mots ou aux fins de syllabes ; il est même arrivé que soient ventilées entre deux lignes (2-3) les deux hastes verticales constituant la lettre e. Ce n'est pas, en revanche, conséquence nécessaire du dispositif que le parti adopté par le lapicide de ne pas séparer les mots ; le graphie continue a même eu pour effet qu'à la l.5, la lettre N, sans être pour autant répétée, sert à la fois de consonne finale à luciion et de consonne initiale au mot suivant (nerte...).
Graphie continue, sans intervalles ni interponctions entre mots.
(A) Le caractère le plus remarquable de l'écriture est (à la différence des autres gallo-latines lapidaires) l'emploi du e vulgaire (quatre exemples : dans aresequani et dans nerte...) figuré par une paire de hastes parallèles et égales ; et celui du l vulgaire à barrette oblique descendante (dans luciíon).
Autre usage notable du lapicide : un i antévocalique écrit I à l'initiale du mot (iourus), mais après consonne il est écrit iI (soit ii, avec seconde haste, celle de I longa, nettement plus haute que la première : ariíos, luciíon).
Aucune confusion n'est donc possible entre e et ií. Mais on observera que le même ií à éléments inégaux est en usage dans l'inscription CDO-01-19 d'Alise-Sainte-Reine (dugiíontiío, Alisiía ;
33
=
169
), et, là aussi (voir
368
309
), seconde haste plus haute que la première ; alors que e y est de type E et qu'aucune confusion n'est à redouter.
(B) Contrairement aux usages gallo-grecs, un point sépare les deux mots.
La signature B a été, visiblement, rajoutée après coup, à un emplacement qui n'était pas préparé (surface non polie du bandeau inférieur du fronton). Elle est d'une autre main que la dédicace : les A sont dépourvus de barrettes médiane, à la différences de α grecs ; les O latins sont de grande taille et ogivaux, les ο grecs de petite taille et circulaire ; etc. Il faut supposer que, dans l'atelier de taille, le sculpteur Dagolitus (peut-être peu familier personnellement avec l'écriture latine), après avoir achevé le portrait de Lucius, à laissé à un de ses collègues le soin de graver la dédicace selon le modèle reçu. Après quoi, il a tenu à signer l'œuvre, en usant de l'écriture grecque dont il avait d'avantage l'habitude (encore qu'un lapsus dans le verbe « fēcit » ne plaide pas en faveur de sa sûreté graphique).