Localisation: France/Bourgogne-Franche-Comté/Saône-et-Loire
Site : Autun - Cité antique nom(s) antique(s): Augustodunum
Province romaine: Lugdunensis
Peuple gaulois: Haedui
Support: Cartouche
Matériau: calcaire
Description du support: Cartouche en calcaire coquillier grisâtre à gros grain ; 6 cm d'épaisseur × 40 cm de large × 34,5 cm de haut (mais cette hauteur actuelle résulte d'une restitution).
État de conservation: Graffite complet.
Lieu de découverte: Autun
Contexte local: C'est dans le secteur nord-ouest de la cité antique (entre les murailles médiévales et la rivière Arroux, dans l'actuel quartier de la gare) qu'à deux reprises, en 1844 et en 1900, des trouvailles épigraphiques sont venues signaler l'existence du sanctuaire d'un dieu Anvalos ou Anvalō : culte certainement apporté avec eux par les émigrés de Bibracte.
Remarques de Michel Lejeune :
En 1900, ce sont deux dédicaces latines deō anua(l)lo qui surgissent du même secteur « en fouillant le sol de la nouvelle gare du chemin de fer d'Autun à Château-Chinon » (Bulliot). Il s'agit de deux tout petits autels votifs portant les dédicaces :
Aug(usto) sacr(um).
Deo Anualo
C. Secund(us) Vitalis Appa
gutuater d(e) s(uo) p(osuii) ex uoto
Aug(usto) sacr(um)
Deo Anuallo
Norbaneius Thallus gutuater
u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito)
Ces pierres révèlent une titulature religieuse nouvelle : composé gutu-ater (ici, finale latinisée pour gaul. -tir) ; « Père de l'invocation » selon (IEW pp. 413), et encore (Schmidt 1986 pp. 1-4) ; mais « Père de la libation » serait pensable aussi, avec *gheu-, (IEW pp. 447). Pas plus de contexte archéologique utilisable que pour notre inscription.
Les pierres latines sont conservées au Musée Rolin (inv. M.L. 1.569 et 1.570).
Aug(usto) sacr(um).
Deo Anualo
C. Secund(us) Vitalis Appa
gutuater d(e) s(uo) p(osuii) ex uoto
Aug(usto) sacr(um)
Deo Anuallo
Norbaneius Thallus gutuater
u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito)
Ces pierres révèlent une titulature religieuse nouvelle : composé gutu-ater (ici, finale latinisée pour gaul. -tir) ; « Père de l'invocation » selon (IEW pp. 413), et encore (Schmidt 1986 pp. 1-4) ; mais « Père de la libation » serait pensable aussi, avec *gheu-, (IEW pp. 447). Pas plus de contexte archéologique utilisable que pour notre inscription.
Les pierres latines sont conservées au Musée Rolin (inv. M.L. 1.569 et 1.570).
Micro contexte: La dédicace a été trouvée dans l’îlot VIII-IX, 6 (fig. 2A, n° 4) ( )
Conditions de découverte: Pierre trouvée en 1844 à Autun « auprès du chemin vicinal qui conduit du pont Saint-Andoche à Saint-Jean-le-Grand » selon une indication contemporaine, dans (Éduen 1844 ) avec d'autres références chez l'historien local H. de Fontenay (1889) : « à droite de l'avenue de la Gare..., joignant le chemin de la Grange-Vertu ».
Historique de conservation: En un premier temps, elle apparaît brisée en trois fragments à peu près jointifs et amputée du bas du cadre (cette cassure laissant intacte la dernière ligne du texte).
C'est en cet état que la pierre est reçue par le Musée lapidaire d'Autun (installé à la chapelle Saint-Nicolas), à une date qui n'a pas été enregistrée (dès fin 1844 ? plus tard ?).
À un moment que nous ignorons, le Musée lapidaire procède à une restauration, rejointoie les trois fragments, et reconstitue le bas du cadre. C'est chose faite, de toute façon, avant 1875 (puisque le moulage de Saint-Germain-en-Laye, RIG II.1 64 pp. 130, qui nous présente la pierre ainsi restaurée, reçoit le 26 janvier 1875, son n°22.295, dans une série d'entrées de rattrapage, concernant « des pièces anciennes qui n'ont pas été enregistrées en leur temps ou dont les numéros sont perdus »). L'état II est celui sur quoi repose en 1878 la lithographie du Dictionnaire (RIG II.1 63 pp. 129). Il s'est perpétué au moins jusqu'à l'automne 1959, date de la photographie RIG II.1 65 pp. 130 prise à Saint-Nicolas.
Cette première restauration a utilisé un matériau gris un peu grenu, approximativement assorti à la pierre ancienne, mais d'une teinte un peu plus claire et un peu plus jaunâtre.
Postérieurement à la fusion en un seul des musées d'Autun, la pierre passe au Musée Rolin.
Une fois à Rolin, le document subit, à une date non précisable, une seconde restauration, obscure dans sa motivation (supposera-t-on que quelque manipulation maladroite avait à nouveau cassé la pierre ?), scandaleuse dans sa réalisation. Elle intéresse le cœur même du texte, barbouillé d'un matériau noirâtre à surface lisse sur lequel ensuite on a prétendu retracer à la pointe les lettres de l'inscription, toujours avec maladresse, souvent même avec une incroyable infidélité (voir, p. ex., l'espèce de C qui a remplacé le S de licnos ; etc.). Ce texte vénérable a été impudemment massacré, et la situation est sans remède. À la pierre dans son état présent (RIG II.1 66 pp. 131 : photo prise en 1984), il ne faut rien demander. Se reporter aux témoins des états II et I.
Pierre conservée musée Rolin d'Autun, inv. M.L. 299 (antérieurement M.L. 93 puis M.L. 100) ; un moulage à Saint-Germain-en-Laye, inv. 22.295.
À la date de novembre 2021, la pierre n'est plus exposée au musée Rolin mais entreposée dans les réserves de l'ancien Palais de Justice d'Autun. Elle est composée de 5 fragments disjoints, dont deux anépigraphes formant une partie du bas du cartouche. Elle a été dé-restaurée, et le texte est à nouveau lisible dans sa forme initiale antérieure à la restauration malheureuse regrettée par Lejeune. La pierre doit être exposée dans le futur « musée panoptique » issu des travaux d'agrandissement du musée Rolin, qui doivent commencer en 2023 avec une inauguration prévue en 2026.
Lieu de conservation: Autun
Institution de conservation: Musée Rolin
N° inventaire: M.L. 299
Autopsie: Le dessin publié à deux reprises est témoin de l'état de la pierre en trois fragments (1846, 1848) par Devoucoux (voir RIG II.1 62 pp. 129) ; on fera, naturellement abstraction des infidélités qu'il manifeste dans le dessin des lettres (et de la mélecture leuru).
La pierre restituée dans son état initial a été photographiée par Hugo Blanchet en novembre 2021 dans les réserves de l’ancien Palais de justice d’Autun, dans le cadre du projet RIIG.
Description de l'inscription: L'inscription est gravée sur quatre lignes, elle occupe, à l'intérieur du cadre, un champ large de 31 cm × 26 cm de haut (après restauration), le dessin Devoucoux, au reste peu fiable, indique bien un blanc au-dessous de la l.4 : mais quelle en était l'importance ?
Description de l'écriture: Lettres capitales de 50 mm à 55 mm de hauteur l.1, de 34 mm à 40 mm de hauteur aux trois autres lignes (lesquelles commencent en retrait de la l.1, en laissant à gauche un blanc d'une lettre). Faute de place, à la fin de la l.2, le graveur a réduit de moitié les dimensions du dernier u ; s'il fallait lire N͡I [?] à la fin de la l.1, ce serait un autre expédient répondant à la même préoccupation.
Remarques de Michel Lejeune :
Écriture (avec e de type E) d'exécution soignée (des apices) sans être régulière ; on notera que les o sont de même stature que les lettres voisines quand ils suivent N (l.1) ou T (l.2), mais qu'après C (l.1, l.4) et L (l.3, l.4) ils sont trois fois plus petits et viennent se loger au creux de la boucle ou de l'angle de la lettre qui précède.
Peut-être y a-t-il une interponction avant ieuru ; il n'y en a pas trace après licnos. Ce que Devoucoux dessine comme des interponctions à la fin des l.3 et 4 (où d'ailleurs on n'en attend pas) relève de meurtrissures de la pierre.
Il y a toujours eu consensus sur la lecture (à l'exception, dans les premiers temps, d'un leuru qu'on a cru voir, à cause d'une meurtrissure au pied de I). Nous nous demandons seulement si, à la fin de la première ligne, il faut lire N ou N͡I (avec ligature marquée par léger dépassement en hauteur de la haste droite, elle-même couronnée d'un apex) ; ceci, possible à la rigueur, sans plus.
Peut-être y a-t-il une interponction avant ieuru ; il n'y en a pas trace après licnos. Ce que Devoucoux dessine comme des interponctions à la fin des l.3 et 4 (où d'ailleurs on n'en attend pas) relève de meurtrissures de la pierre.
Il y a toujours eu consensus sur la lecture (à l'exception, dans les premiers temps, d'un leuru qu'on a cru voir, à cause d'une meurtrissure au pied de I). Nous nous demandons seulement si, à la fin de la première ligne, il faut lire N ou N͡I (avec ligature marquée par léger dépassement en hauteur de la haste droite, elle-même couronnée d'un apex) ; ceci, possible à la rigueur, sans plus.
Type de texte: Inscription religieuse / cultuelle
Datation du texte: première moitié du Ier siècle
Justificatif de datation: contexte. Datation incertaine.
Niveau de certitude: ◉◉◉
Remarques de Michel Lejeune :
On fera un pari plausible, sans plus, en attribuant la dédicace gauloise à la première moitié du Ier siècle, les dédicaces latines à la seconde.
Édition corpus: RIG II.1 p. 125-134 ; RIG II.1 p. 129-131 fig. 62-66 .
Commentaire bibliographique: Charleuf 1844 p. 698 ; Éduen 1844 ; Devouvoux 1846 p. LXVIII ; Devoucoux 1848 p. 98,250 ; Pictet 1859 p. 12 ; Pictet 1859 p. 37 (3) ; Revue d'Aquitaine 1860 p. 203 ; Stokes 1861 p. 100 ; Becker 1863 p. 164 (6) ; Pictet 1867c p. 390 ; Chabouillet 1869 ; Roget de Belloguet 1872 p. 196 ; Chabouillet 1873 p. 252 n. 1 ; Dict. (5) ; Monin 1861 p. 37 ; Hübner 1885 p. 13 (38) ; Stokes 1886 p. 130 (16) ; CIL XIII-I p. 424 (2733) ; Fontenay 1889 p. 70 ; Allmer 1894 p. 343-344 (1099) ; Rhŷs 1906 p. 283 ; Dottin 1918 p. 162 ; Vendryes 1930 p. 200sv. ; Lewis 1936 p. 320 ; Gray 1942 p. 443 ; Gray 1952 p. 68 ; O'Brien 1956 ; Schmidt 1957 ; Holder 1962 ; Evans 1967 ; Whatmough 1970 p. 493 ; IEW ; Lejeune 1974 ; Lejeune 1980a (VI) ; Schmidt 1986 ;
Texte
- Lecture Lambert PLT-a ◉◉○
- Dupraz EDZ-a ◉◉○
- Lejeune MLE-a ◉◉○
- Lejeune MLE-b ◉○○
- Lejeune MLE-c ◉○○
- Lejeune MLE-d ◉○○
- Lejeune MLE-e ◉◉○
- Lejeune MLE-f ◉○○
01 LICNOSCON 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
01 LICNOSCON 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
01 LICNOSCON 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
01 LICNOSCO⁽NI⁾ 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos co⁽ni⁾ 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
01 LICNOSCON 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 cane cosedlon |
01 LICNOSCON 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 caneco sedlon |
01 LICNOSCON 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
01 LICNOSCO⁽NI⁾ 02 TEXTOS▴IEVRV 03 ANVALONNACV 4 CANECOSEDLON |
01 licnos co⁽ni⁾ 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o adjectif nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit toponyme datif sg. thème en -o substantif accusatif sg. thème en -o |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o substantif (fonction) nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit toponyme datif sg. thème en -o substantif accusatif sg. thème en -o |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o idionyme nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit toponyme datif sg. thème en -o substantif accusatif neutre sg. |
01 licnos co⁽ni⁾ 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme génitif masc. sg. thème en -o substantif (parenté) nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit toponyme datif sg. neutre thème en -o substantif accusatif sg. neutre |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 cane cosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o substantif (profession) nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit théonyme datif masc. sg. thème en -o adjectif datif sg. thème en -i substantif accusatif sg. neutre |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 caneco sedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o idionyme nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit théonyme datif masc. sg. thème en -o adjectif datif masc. sg. thème en -o substantif accusatif sg. neutre |
01 licnos con- 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o idionyme nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit toponyme datif sg. thème en -o substantif accusatif neutre sg. |
01 licnos co⁽ni⁾ 02 textos ·ieuru 03 anvallonacu 4 canecosedlon |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o patronyme génitif masc. sg. thème en -o substantif (profession) nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit toponyme datif sg. neutre thème en -o substantif accusatif sg. neutre thème en -o |
Traduction:
de : PLT-a
Licnos Contextos a offert au sanctuaire d'Anvalō (ce) canecosedlon (sorte de siège).
de : EDZ-a
Licnos, le contextos a offert au sanctuaire/dans le sanctuaire d'Anvalō une exèdre (?).
Apparat critique:
Remarques de Michel Lejeune : MLE-a MLE-b MLE-c MLE-d MLE-e MLE-f
Dédicace de type ieuru (cf. VIE-01-01). Le texte a été supposé métrique par Rhŷs 1906 (hexamètres accentuels) et par Gray 1942 (dimètres trochaïques), l'une et l'autre fois au prix de manipulations prosodiques qui laissent sceptique. Ce qui est clair, dans cette dédicace, se réduit : au nom individuel du dédicant, licnos (une dizaine d'exemples, Holder 1962 II (211)) ; au verbe de dédicace (prétérit 3e sg. ieuru), au dédicataire. Encore, jusqu'en 1900, était-il normal qu'on prît Anvallonacu pour un théonyme ; les deux dédicaces de 1900 ont établi que le nom du dieu était Anvallos. Le suffixe -aco-, d'autre part, est un suffixe d'appartenance ; si l'on veut bien admettre que, selon une pratique onomastique courante, ce nom en -os avait un doublet en -ō (thème à nasale), on s'expliquera que le sanctuaire du dieu se soit appelé soit *Anvallacon (que nous n'avons pas), soit *Anvallonacon (que nous avons). Cette dédicace ieuru (à la différence de la plupart) n'est donc pas faite « à un dieu » (on aurait *Anvalloni) mais « pour un sanctuaire », l'objet votif (canecosedlon) devant être quelque élément dudit sanctuaire. Continuent à faire problème : d'une part, le second élément de la désignation du dédicant ; d'autre part, la nature de l'offrande.
CONTEXTOS ?
1) Graphie X ici ambiguë dans un terme obscur ; ou bien (X d'origine grecque), notation d'une spirante dorsale devant l, ce qui laisse ouvertes les possibilités, devant suffixe -to-, de racines *tek (IEW pp. 1057 sv.) ou *teg- (IEW pp. 1013 sv.) ; ou bien (X d'origine latine) notation d'une séquence /ks/, ce qui implique la racine *teks- (IEW (1058)).
2L'existence même de ce mot trisyllabique coupé entre deux lignes n'est pas rigoureusement assurée. Si l'on avait N͡I en fin de l.1 (lecture la moins probable, mais non exclue), reconnaître en Coni le génitif d'un anthroponyme Co(n)nos (Holder 1962 I (1103 sv.), Holder 1962 III (1266 sv.) ; ajouter peut-être le témoignage de Collorgues, GAR-05-01). Alors, deux possibilités a priori :
3) Mais, au total, lecture contextos plus probable épigraphiquement.
Ce pourrait être à la rigueur (comme le *textos supposé en 2a) soit une détermination socio-professionnelle de licnos, soit une motivation de dédicace ; mais aucune explication satisfaisante n'en apparaît.
Il est difficile d'écarter l'idée que Con-teχtos soit anthroponyme (Evans 1967 (76)) et appartienne à la même série (Schmidt 1957 (277)) que A(d)-teχtos et Can-teχtos (ce dernier, en dépit de Schmidt 1957 (161), issu de Can(ti)- ou Can(to) par haplologie).
Mais il faudrait alors : ou bien que, contrairement aux usages, le dédicant fût désigné par deux idionymes (et, qui plus est, tous deux de stock indigène) ; ou bien qu'il y eût deux dédicants mentionnés en asyndète, Licnos (et) Contextos : mais ieuru fait alors difficulté ; les deux finales en -os (ll.1, 2) excluent que -s soit, dans la langue du texte, amuï ; accord exceptionnel (au sg.) avec le sujet le plus proche ? Pas de bonne solution.
CONTEXTOS ?
1) Graphie X ici ambiguë dans un terme obscur ; ou bien (X d'origine grecque), notation d'une spirante dorsale devant l, ce qui laisse ouvertes les possibilités, devant suffixe -to-, de racines *tek (IEW pp. 1057 sv.) ou *teg- (IEW pp. 1013 sv.) ; ou bien (X d'origine latine) notation d'une séquence /ks/, ce qui implique la racine *teks- (IEW (1058)).
2L'existence même de ce mot trisyllabique coupé entre deux lignes n'est pas rigoureusement assurée. Si l'on avait N͡I en fin de l.1 (lecture la moins probable, mais non exclue), reconnaître en Coni le génitif d'un anthroponyme Co(n)nos (Holder 1962 I (1103 sv.), Holder 1962 III (1266 sv.) ; ajouter peut-être le témoignage de Collorgues, GAR-05-01). Alors, deux possibilités a priori :
- Licnos Coni (formule à génitif patronymique, du type Martialis Dannotali) + textos, apposition au nom du dédicant (précision professionnelle ou sociale ? motivation de la dédicace ?).
- licnos + Coni textos (le dernier mot appartenant au lexique des relations interpersonnelles (p. ex. « puer », de racine *tek-, distinct du « filius » de légitime naissance.
3) Mais, au total, lecture contextos plus probable épigraphiquement.
Ce pourrait être à la rigueur (comme le *textos supposé en 2a) soit une détermination socio-professionnelle de licnos, soit une motivation de dédicace ; mais aucune explication satisfaisante n'en apparaît.
Il est difficile d'écarter l'idée que Con-teχtos soit anthroponyme (Evans 1967 (76)) et appartienne à la même série (Schmidt 1957 (277)) que A(d)-teχtos et Can-teχtos (ce dernier, en dépit de Schmidt 1957 (161), issu de Can(ti)- ou Can(to) par haplologie).
Mais il faudrait alors : ou bien que, contrairement aux usages, le dédicant fût désigné par deux idionymes (et, qui plus est, tous deux de stock indigène) ; ou bien qu'il y eût deux dédicants mentionnés en asyndète, Licnos (et) Contextos : mais ieuru fait alors difficulté ; les deux finales en -os (ll.1, 2) excluent que -s soit, dans la langue du texte, amuï ; accord exceptionnel (au sg.) avec le sujet le plus proche ? Pas de bonne solution.
Remarques de Michel Lejeune : MLE-a
CANECOSEDLON ? Il est plausible (et tous ont admis sans discussion) :
1) On doit cependant observer que l'usage des interponctions paraît n'avoir pas été constant chez le lapicide (un point, semble-t-il, avant ieuru ; pas de point semble-t-il, après licnos) ; si tel était le cas, la l.4 pourrait aussi bien, a priori, avoir comporté deux mots. Or la morphologie autoriserait à imaginer :
Retenir donc que l'existence d'un composé canecosedlon n'est pas une certitude.
2) Si ce composé existe, comment l'interpréter ?
On notera préalablement l'ambiguïté de la notion de « siège » ; implicitement, les explications proposées envisagent un meuble ; et c'est d'un tel élément de mobilier rituel que le composé préciserait soit l'apparence (2a, 2b, 2c) soit la fonction (2d, 2e). Mais il peut, a priori, s'agir aussi bien d'un dispositif architectural (au bâti duquel appartiendrait notre pierre inscrite) ; sur des structures de théâtres cultuels à gradins, voir discussion du cantalon de CDO-04-01 ; c'est sans doute aussi à un dispositif architectural que se réfèrent les tribunalia de la dédicace de Saint-Acheul (Somme), CIL XIII (3187) : ...Apollini et Veriugodumno tribunalia dua Setubogius Esucci f(ilius) d(e) s(uo) d(edit).
Aucune interprétation satisfaisante de caneco- n'a été proposée (et nous n'en avons pas à proposer). On rappellera ci-dessous, quelques-unes des suggestions qui ont été avancées :
Rien, on le voit, de décisif ; caneco- garde son obscurité... si toutefois caneco- existe.
CANECOSEDLON ? Il est plausible (et tous ont admis sans discussion) :
- qu'un seul long mot occupe la l.4 ;
- que c'est un composé ayant pour dernier terme un nom *sed-lo- du « siège » (ce *sed-lo- dans le gotique masc. sitls « θρόνος » et l'arménien elł, en regard de *sed-lā- dans le latin fém. sella et laconien ἑλλά : IEW (886)).
1) On doit cependant observer que l'usage des interponctions paraît n'avoir pas été constant chez le lapicide (un point, semble-t-il, avant ieuru ; pas de point semble-t-il, après licnos) ; si tel était le cas, la l.4 pourrait aussi bien, a priori, avoir comporté deux mots. Or la morphologie autoriserait à imaginer :
- cane co-sedlon ;
- caneco sedlon ;
Retenir donc que l'existence d'un composé canecosedlon n'est pas une certitude.
2) Si ce composé existe, comment l'interpréter ?
On notera préalablement l'ambiguïté de la notion de « siège » ; implicitement, les explications proposées envisagent un meuble ; et c'est d'un tel élément de mobilier rituel que le composé préciserait soit l'apparence (2a, 2b, 2c) soit la fonction (2d, 2e). Mais il peut, a priori, s'agir aussi bien d'un dispositif architectural (au bâti duquel appartiendrait notre pierre inscrite) ; sur des structures de théâtres cultuels à gradins, voir discussion du cantalon de CDO-04-01 ; c'est sans doute aussi à un dispositif architectural que se réfèrent les tribunalia de la dédicace de Saint-Acheul (Somme), CIL XIII (3187) : ...Apollini et Veriugodumno tribunalia dua Setubogius Esucci f(ilius) d(e) s(uo) d(edit).
Aucune interprétation satisfaisante de caneco- n'a été proposée (et nous n'en avons pas à proposer). On rappellera ci-dessous, quelques-unes des suggestions qui ont été avancées :
- La plus ancienne (Stokes 1886 en attribue la paternité à Siegfried) invoque sk. kánakam, qui est une des désignations de l'or en vieil indien. L'objection de Vendryes 1930 : « un siège d'or serait d'un bien grand luxe... » n'est pas dirimante, car le composé peut s'entendre non seulement « siège en or », mais « siège avec de l'or » (avec des ornements d'or). La véritable objection est comparative. Il n'y a pas de nom indo-européen de l'« or » ; propre au sanskrit (et ignoré de l'iranien même), kánakam est un sobriquet occasionnel « métal jaune » à côté du nom technique skr. hiraṇyam ; il n'y a aucune chance pour qu'on trouve à kánakam « on » un correspondant en gaulois ; les noms gaélique et brittonique de l'« or » sont des emprunts à lat. aurum.
- Vendryes 1930 fait sienne sans hésitation (« de rapprochement me paraît certain ») une suggestion (par lettre) d'Ed. Gwynn, évoquant irl. canach qui glose lat. lānūgō « bourre », et attribuant à Autun « luxurious seat padded with clown ». Objection phonétique de Lewis 1936 (le mot irlandais a un c- remontant à *kw-, et on attendrait p- en gaulois). Mais, surtout, comment Vendryes ne s'est-il pas interrogé sur la vraisemblance archéologique de ce fauteuil capitonné ?
- J.-J. Hatt à propos de cantalon (voir CDO-04-01) se demande si caneco(sedlon) ne serait pas de même racine (alors : « dispositif de sièges en cercle ») ; mais il ne tente pas de justifier la structure de ce premier terme.
- Rhŷs 1906 pense à un « siège de justice » en dérivant caneco- (mais pourquoi -e- ?) d'un *kani- d'où serait issu irl. cáin (« disposition légale ou réglementaire »). Mais la moins médiocre étymologie de cáin (thème en -i- féminin) est le rapprochement (O'Brien 1956 pp. 172) avec v. sl. kaznĭ « règlement, punition » (thème en -i- féminin), qui implique une labiovélaire originelle (*kwōg-ni-), laquelle serait p- en gaulois.
- Gray 1952 « siège à incantations » (*kan-, IEW (525)) : ici encore, il n'est tenu compte que des trois premières lettres. Au reste, ne se lève-t-on pas plutôt pour chanter ?
Rien, on le voit, de décisif ; caneco- garde son obscurité... si toutefois caneco- existe.
Commentaires:
Commentaire sociolinguistique:
Remarques de María José Estarán :
- Genre épigraphique : inscription édilitaire et religieuse
- Le dédicant a un nom qui se présente sous une formule onomastique bimembre avec des éléments gaulois.
Remarques de Alex Mullen :
- The Gallo-Latin inscriptions on stone with the most careful layout and good degree of familiarity with Latin epigraphic practice come from the territory of the Aedui/Mandubii: Autun, Auxey, and Nevers.
- IEVRV example, Lambert 1979 , Lejeune 1980a , Estarán 2021 .
- The standard dating of this inscription should be taken with caution, Cazanove (in de Cazanove et Estarán 2023 ) considers that his stone inscription could date to the first or second centuries CE.
- See Dupraz 2019 for possible interpretations of canecosedlon.
Bibliographie du RIG: Charleuf 1844 ; Devouvoux 1846 ; Devoucoux 1848 ; Revue d'Aquitaine 1860 ; Pictet 1867a ; Roget de Belloguet 1872 ; Chabouillet 1869 ; Chabouillet 1873 ; Hübner 1885 ; Stokes 1886 ; Allmer 1894 ; Holder 1896–1913 ; Dottin 1918 ; Vendryes 1930 ; Lewis 1936 ; Gray 1952 ; O'Brien 1956 ; Whatmough 1970 ; Lejeune 1980a ; Éduen 1844 ;
Bibliographie du RIIG: Lambert 1979 ; Lejeune 1980a ; Kasprzyk et al. 2010 ; Lambert 2018 ; Dupraz 2019 ; Estarán 2021.
Linked Data:
- Première moitié du Ier siècle : http://n2t.net/ark:/99152/p09hq4nh5ps
- Calcaire : https://www.eagle-network.eu/voc/material/lod/57
- Cartouche : https://www.eagle-network.eu/voc/objtyp/lod/263.html
- Complet : https://www.eagle-network.eu/voc/statepreserv/lod/2
- Inscription religieuse / cultuelle : https://www.eagle-network.eu/voc/typeins/lod/81
- Gravée : https://www.eagle-network.eu/voc/writing/lod/3
- Musée Rolin : https://www.trismegistos.org/collection/1008
- Lugdunensis : https://www.trismegistos.org/place/19858
- AutunAugustodunum : https://www.trismegistos.org/place/3265
- France : https://www.trismegistos.org/place/693
How to cite: Ruiz Darasse C., Blanchet H., Estarán M.-J., Mullen A., Dupraz E., Chevalier N., Prévôt N., « RIIG SEL-02-01 », dans Ruiz Darasse C. (éd.), Recueil informatisé des inscriptions gauloises, https://riig.huma-num.fr/, DOI : 10.21412/petrae_riig_SEL-02-01 (consulté le 9 décembre 2024).
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URI : https://riig.huma-num.fr/documents/SEL-02-01
Dernière modification : 2023-03-17; Michel Lejeune (First editor); Coline Ruiz Darasse (Project coordinator and contributor); Hugo Blanchet (Contributor); María José Estarán Tolosa (Contributor); Alex Mullen (Contributor); Emmanuel Dupraz (Contributor); Nolwenn Chevalier (Metadata, TEI encoding); Nathalie Prévôt (Database Design)