Localisation: France/Bourgogne-Franche-Comté/Côte-d'Or
Site : Alise-Sainte-Reine - Mont-Auxois champ Lapipe-Sené nom(s) antique(s): Alisiίa ᾽᾽Αλησία Alesia
Province romaine: Lugdunensis
Peuple gaulois: Mandubii
Support: Base
Matériau: calcaire
Description du support: Base d'un même matériau (calcaire à grain fin, assez friable, de teinte légèrement ocrée), d'un même travail (taille à la pointe), d'une même main de lapicide.
Remarques de Michel Lejeune :
Du recollage de ceux de ces fragments qui étaient jointifs ont résulté trois ensembles non-jointifs A, B, C, ayant appartenu à un (ou à plus d'un) bloc(s) parallélépipédique(s) et provenant d'une (ou de plus d'un) assise(s) d'un monument de nature, jusqu'à ces derniers temps, indéterminée.
Le monument devait être d'excellente facture. Sont soigneusement polis : la face inscrite de A ; la face inscrite de B ; les deux faces inscrites de C ; les lits de pose de A, B, C ; les lits d'attente de A, B, C ; enfin, la face verticale anépigraphique de A en retour à gauche (rien dans la taille n'imposant, mais rien non plus n'excluant, que A soit une pierre d'angle).
Essayer de restituer un texte A+B+CG censé avoir occupé toute la surface d'un même bloc (ainsi Rhŷs, Dottin, Whatmough) est incompatible avec les données matérielles. L'hypothèse la plus économique est celle de l'appartenance de A et B à un même bloc d'assise (de 289 mm de haut). Les très menues différences de mensurations (lettres ou interlignes entre A et B restent dans les limites admissibles pour une écriture soignée mais imparfaitement régulière.
Fragment A. 480 mm de large max. × 289 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × 350 mm d'épaisseur max.
Fragment B. 270 mm de large max. × 289 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × épaisseur incontrôlable car irrégulièrement brisé à l'opposé de la face inscrite.
Fragment CG. 100 mm de large max. × 294 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × épaisseur incontrôlable car irrégulièrement brisé à l'opposé de la face inscrite.
Fragment CD. 110 mm de large max. × 294 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × épaisseur incontrôlable car irrégulièrement brisé à l'opposé de la face inscrite.
Fragment CG et CD. La largeur de la base peut être, grossièrement, estimée à 1m (avec marge de 20% d'erreur dans un sens ou dans l'autre) : d'une part, en fonction des dimensions de la statue elle-même, d'autre part, en fonction d'une restitution hypothétique de la l.1 de la seconde assise menant à une longueur de ligne de l'ordre d'une vingtaine de lettres.
Le monument devait être d'excellente facture. Sont soigneusement polis : la face inscrite de A ; la face inscrite de B ; les deux faces inscrites de C ; les lits de pose de A, B, C ; les lits d'attente de A, B, C ; enfin, la face verticale anépigraphique de A en retour à gauche (rien dans la taille n'imposant, mais rien non plus n'excluant, que A soit une pierre d'angle).
Essayer de restituer un texte A+B+CG censé avoir occupé toute la surface d'un même bloc (ainsi Rhŷs, Dottin, Whatmough) est incompatible avec les données matérielles. L'hypothèse la plus économique est celle de l'appartenance de A et B à un même bloc d'assise (de 289 mm de haut). Les très menues différences de mensurations (lettres ou interlignes entre A et B restent dans les limites admissibles pour une écriture soignée mais imparfaitement régulière.
Fragment A. 480 mm de large max. × 289 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × 350 mm d'épaisseur max.
Fragment B. 270 mm de large max. × 289 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × épaisseur incontrôlable car irrégulièrement brisé à l'opposé de la face inscrite.
Fragment CG. 100 mm de large max. × 294 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × épaisseur incontrôlable car irrégulièrement brisé à l'opposé de la face inscrite.
Fragment CD. 110 mm de large max. × 294 mm de haut (abstraction faite des épaisseurs adventices dues aux recollages) × épaisseur incontrôlable car irrégulièrement brisé à l'opposé de la face inscrite.
Fragment CG et CD. La largeur de la base peut être, grossièrement, estimée à 1m (avec marge de 20% d'erreur dans un sens ou dans l'autre) : d'une part, en fonction des dimensions de la statue elle-même, d'autre part, en fonction d'une restitution hypothétique de la l.1 de la seconde assise menant à une longueur de ligne de l'ordre d'une vingtaine de lettres.
État de conservation: Inscription en plusieurs fragments ; de menus éclats (l'un d'eux portait deux lettres), décrits et photographies peu après la découverte, ont depuis longtemps disparu.
Lieu de découverte: lieu dit « champ Lapipe-Sené »
Contexte local: Le mont Auxois, sur la commune d’Alise-Sainte-Reine, à environ 50 km au nord-ouest de Dijon, est occupé par un petit oppidum (sur un plateau de 97 ha), chef-lieu des Mandubiens, fondé à partir de 70 avant notre ère. L’oppidum est assiégé et conquis par César en 52 avant notre ère. La production d’objets en bronze à destination de l’armée romaine suggère une occupation militaire romaine jusqu’aux années 70 après notre ère, moment où se développe un véritable centre urbain sous suzeraineté éduenne. D’importants aménagements monumentaux ont lieu à l’époque antonine. L’inscription est possiblement en lien avec la construction d’un long bâtiment rectangulaire à piliers, un portique, faisant partie d’un sanctuaire indigène. Le bâtiment associait poutres en bois et têtes coupées en pierre posées sur une plaque ou un linteau, ainsi que, sans doute, deux statues de guerriers debout. Ce monument gaulois semble détruit vers le milieu du Ier siècle de notre ère. Un temple de type romain lui succède dans le courant du Ier siècle.
Remarques de Michel Lejeune :
Le matériel lapidaire d'Alise-Sainte-Reine est fait, à une exception près, de calcaire coquillier grossier, de provenance locale, taillé à la laye (ainsi, notamment, (CDO-01-01). L'exception est constituée par un ensemble lapidaire (conservé au Musée Alésia) provenant d'un seul et même secteur de site (parvis du grand temple), utilisant une pierre importée (calcaire ocré de grain fin) et manifestant une taille à la pointe. En font partie, d'une part, des éléments sculptés :
- la statue (mutilée ; tête retrouvée non-attenante au tronc) d'un jeune personnage imberbe, vêtu d'une tunique, debout, avec un bélier entre ses jambes écartées (probablement, figuration divine), sculpture dont la hauteur totale devait être de l'ordre de 150 cm ;
- trois fragments d'entablement avec têtes en haut-relief dites « têtes de nègres », plus ou moins mutilées (hauteur 28 cm), sur quoi voir Olivier 1980 pp. 250-255.
Micro contexte: Niveau supérieur au « sol II » (parvis d'époque claudienne).
Conditions de découverte: Les treize fragments composant l’inscription ont été découverts dans la cour du péribole à « proximité du mur » ouest de la basilique, « sous » un béton de 1,2 m de profondeur, le 29/08/1906 par V. Pernet, à un niveau supérieur au sol II (parvis claudien), durant les fouilles Espérandieu, au lieu dit « champ Lapipe-Sené » du Mont-Auxois à Alise-Sainte-Reine.
Historique de conservation: Document auparavant conservé au Musée Alésia d'Alise-Sainte-Reine sous vitrine.
À la date de novembre 2021, l’objet est exposé au Centre d'Interprétation du MuséoParc Alésia.
Institution de conservation: MuséoParc Alésia
Collection: Musée Alésia
Autopsie: Photographié par Hugo Blanchet en novembre 2021 au MuséoParc Alésia, dans le cadre du projet RIIG.
Signalement: Découverte signalée par Espérandieu, en termes identiques : dans Espérandieu 1906-1907a pp. 43-45 et Espérandieu 1906-1907a XI ; dans Espérandieu 1906-1907b pp. 270-272 et Espérandieu 1906-1907b XXIX ; dans la brochure (extrait repaginé de Espérandieu 1906-1907b ) Espérandieu 1907 pp. 134-136. Ajouter deux lettres d'Espérandieu : l'une à l'Académie des Inscriptions (cf. Reinach 1906a pp. 403), l'autre à Rhŷs (cf. Rhŷs 1906 pp. 372).
Ensuite : Rhŷs 1911 pp. 300-311 et Rhŷs 1911 IV, VI ; Rhŷs a vu la pierre en août 1909 et avril 1911. CIL XIII pp. 34 (11258) (d'après Espérandieu).
Dottin 1918 pp. 161 (35) (d'après Rhŷs). Whatmough 1970 pp. 502-504 ; Whatmough a vu la pierre en juin 1929. Noter que Rhŷs et Whatmough proposent d'imprudents essais de reconstitution de l'ensemble ; Rhŷs y ajoute une traduction dépourvue de vraisemblance.
En dernier lieu, M. Lejeune en 1980, Lejeune 1980b pp. 56-68 et Lejeune 1980b I-IV , étude renouvelant certains aspects de la question.
Description de l'inscription:
G257-A Fragment A. L'inscription est gravée, elle porte sur quatre débuts de lignes. Fragment intact à gauche, brisé à droite. En bas de la pierre, blanc résiduel de 42 mm à 57 mm de haut. L'approximatif alignement vertical des lettres initiales de lignes, et le blanc laissé avant elles, donnent l'impression que le texte ne commençait pas plus à gauche, et que nous sommes en présence d'une pierre d'angle.
G257-B Fragment B. L'inscription est gravée, elle porte sur quatre lignes. Le fragment est brisé à gauche et à droite.
G257-Cd Fragment Cd (face droite). L'inscription est gravée, elle porte sur un début de ligne, dans le prolongement horizontal de la l.1 de Cg. Le fragment est intacte à gauche : arête, brisée à droite.
G257-Cg Fragment Cg (face gauche). L'inscription est gravée, elle porte sur deux fins de lignes. Le fragment est brisé à gauche, intacte à droite. Fin d'une ligne supérieure (1), au-dessous de laquelle le graveur a logé (faute de place, en arrivant à l'arête) la dernière lettre du mot (haute de 36 mm). Beaucoup plus bas (d'où la numérotation 3), lettre finale (haute de 50 mm) d'une ligne inférieure (bas de la lettre à 80 mm du bas de la pierre).
Description de l'écriture:
G257-A Fragment A. Lettres capitales. La ligne 1 (36 mm à 48 mm de haut) affleure le bord supérieur de la pierre. Interligne de 9 mm à 15 mm. Ligne 3 : lettres de 39 mm à 57 mm de haut. Interligne de 15 mm à 18 mm de haut. Ligne 4 : lettres de 45 mm à 72 mm de haut (plus grandes, donc, qu'aux lignes supérieures).
G257-B Fragment B. Lettres capitales. La ligne 1 (39 mm à 48 mm de haut) laisse, entre elle et le rebord, un petit espace de 8 mm à 12 mm. Interligne de 9 mm à 18 mm. Ligne 2 : lettres de 42 mm à 48 mm. Interligne de 9 mm à 12 mm. Ligne 3 : lettres de 45 mm à 51 mm. Interligne de 12 mm à 18 mm. Ligne 4 : lettres de 60 mm à 66 mm (plus grandes, donc, qu'aux lignes supérieures). En bas de pierre, blanc résiduel de 42 mm à 51 mm.
G257-Cd Fragment Cd (face droite). Lettres capitales de 42 mm affleurant presque le bord de la pierre. Pas de doute sur l'identification de la lettre mutilée ω.
G257-Cg Fragment Cg (face gauche). Lettres capitales de 42 mm à 48 mm de haut (dont les hauts affleurent presque le haut de la pierre). Pas de doute sur l'identification des lettres mutilées κ et ν.
Remarques de Michel Lejeune :
Sont banals les ε et σ lunaires, ω cursif. On notera, comme caractéristiques du style du lapicide : ν à jambages latéraux verticaux, celui de droite plus court et plus haut que perché (en regard de μ à jambages latéraux obliques et égaux) ; et surtout κ avec seulement moignon de trait oblique descendant, ρ avec boucle tout juste esquissée. Les lettres rondes (ε, σ, ο, ω) sont de dimensions un peu inférieures à la moyenne des autres, mais β, κ, υ sont, en revanche, de format légèrement supérieur.
La lettre υ figure seulement dans les digrammes ου, αυ, ωυ. D'usage gallo-grec constant est l'usage de ου soit pour u voyelle (ainsi au début de la séquence ...τουλ..., à lire ...tul..., en A4) soit pour u consonne (ainsi dans la seconde syllabe de αυ-ουωτ, à lire au-uot en B1). Il existe deux graphies gallo-grecques pour la diphtongue au (sans distribution géographique définissable) : tantôt αυ (ici, en première syllabe de αυ-ουωτ), tantôt αου. Enfin spécifiquement bourguignonne (cf. CDO-01-09 à Alise-Sainte-Reine, SEL-01-02 à Bibracte) est, pour la diphtongue ou, la graphie ωυ (ainsi en A3, séquence ..τωυτ... ; faut-il alors restituer ..ω[υ... en A4 en CD1 ?) en regard de la graphie gallo-grecque commune οου.
La lettre ω, figure, d'une part dans la graphie régionale ωυ de ου (en A3 ; peut être aussi en A4 et en CD1 ?), d'autre part, sans qu'on en voie la raison, dans la forme verbale αυουωτ (B1 ; même usage orthographique en CDO-01-01 et CDO-02-01).
Sauf rarissimes exceptions, la scriptio continua est de règle dans les textes gallo-grecs ; aussi ne peut-on qu'être surpris de la présence en B2 et en B4 d'interponctions (consistant en deux points superposés).
Sur la pratique du lapicide en fin de ligne (mis à part CG dont le dispositif est particulier), on ne peut rien affirmer. Les commencements de lignes A2 (σε...), A3 (βι...), A4 (κο...) coïncident avec des débuts de syllabes, mais non nécessairement tous trois avec débuts de mots ; rien de clair, aussi longtemps que l'interprétation du texte demeurera incertaine.
La lettre υ figure seulement dans les digrammes ου, αυ, ωυ. D'usage gallo-grec constant est l'usage de ου soit pour u voyelle (ainsi au début de la séquence ...τουλ..., à lire ...tul..., en A4) soit pour u consonne (ainsi dans la seconde syllabe de αυ-ουωτ, à lire au-uot en B1). Il existe deux graphies gallo-grecques pour la diphtongue au (sans distribution géographique définissable) : tantôt αυ (ici, en première syllabe de αυ-ουωτ), tantôt αου. Enfin spécifiquement bourguignonne (cf. CDO-01-09 à Alise-Sainte-Reine, SEL-01-02 à Bibracte) est, pour la diphtongue ou, la graphie ωυ (ainsi en A3, séquence ..τωυτ... ; faut-il alors restituer ..ω[υ... en A4 en CD1 ?) en regard de la graphie gallo-grecque commune οου.
La lettre ω, figure, d'une part dans la graphie régionale ωυ de ου (en A3 ; peut être aussi en A4 et en CD1 ?), d'autre part, sans qu'on en voie la raison, dans la forme verbale αυουωτ (B1 ; même usage orthographique en CDO-01-01 et CDO-02-01).
Sauf rarissimes exceptions, la scriptio continua est de règle dans les textes gallo-grecs ; aussi ne peut-on qu'être surpris de la présence en B2 et en B4 d'interponctions (consistant en deux points superposés).
Sur la pratique du lapicide en fin de ligne (mis à part CG dont le dispositif est particulier), on ne peut rien affirmer. Les commencements de lignes A2 (σε...), A3 (βι...), A4 (κο...) coïncident avec des débuts de syllabes, mais non nécessairement tous trois avec débuts de mots ; rien de clair, aussi longtemps que l'interprétation du texte demeurera incertaine.
Remarques de Michel Lejeune : G257-A
L.1 : Il ne subsiste de μ que le bas de la haste gauche. Lettres λο sont intactes sur les clichés d'Espérandieu reproduits par Rhŷs (Rhŷs 1906 9b, 9c ), voir RIG I 311,1 pp. 371 d'après Rhŷs ; mais le fragment qui les portait a disparu depuis lors, et on ne voir plus aujourd'hui que le pied gauche de λ (RIG I 311,2 pp. 371).
L.2 : Après σεσ, lacune de l'ordre de deux lettres, au bord gauche de laquelle s'entrevoit encore une haste verticale ; puis λ, dont le haut manque ; puis α dont le bas manque (mais entre deux consonnes λ et μ, on attend une voyelle : α donc, non λ) ; puis μ intact ; puis α dont le haut manque, mais figurait sur le même fragment que λο de la l.1.
L.3 : Sont mutilés mais sûrs α et υ.
L.4 : Le ϐ est mutilé mais sûr (boucle inférieure subsistante). Après ω, extrémité supérieure gauche soit d'un κ soit d'un τ soit d'un υ ; aurions-nous la séquence ωυ notant la diphtongue ou ?
L.2 : Après σεσ, lacune de l'ordre de deux lettres, au bord gauche de laquelle s'entrevoit encore une haste verticale ; puis λ, dont le haut manque ; puis α dont le bas manque (mais entre deux consonnes λ et μ, on attend une voyelle : α donc, non λ) ; puis μ intact ; puis α dont le haut manque, mais figurait sur le même fragment que λο de la l.1.
L.3 : Sont mutilés mais sûrs α et υ.
L.4 : Le ϐ est mutilé mais sûr (boucle inférieure subsistante). Après ω, extrémité supérieure gauche soit d'un κ soit d'un τ soit d'un υ ; aurions-nous la séquence ωυ notant la diphtongue ou ?
Remarques de Michel Lejeune : G257-B
L.1 : Clairement, côté droit de α ; clairement aussi, bas de hampe et côté gauche de τ.
L.2 : Côté gauche et barrette de α.
L.3 : Moitié gauche de ο (le contexte exclut 6).
L.4 : Bas de hampe et côté gauche de τ.
L.2 : Côté gauche et barrette de α.
L.3 : Moitié gauche de ο (le contexte exclut 6).
L.4 : Bas de hampe et côté gauche de τ.
Type de texte: Indéterminé
Datation du texte: troisième quart du Ier siècle
Justificatif de datation: contexte. Document non antérieur à l'époque néronienne (en fait, probablement là son époque).
Niveau de certitude: ◉◉◉
Remarques de Michel Lejeune :
Tout entière peut-être postérieure aux événements de -52, l'épigraphie d'Alise manifeste trois phases : une phase gallo-grecque (pierres CDO-01-01 (G-256), CDO-01-02 (G-257) ; graffites, dont certains préaugustéens) se poursuivant jusqu'à l'époque néronienne inclusivement ; une phase transitoire gallo-latine (pierre CDO-01-19 (L-13) ; graffites) à l'époque flavienne ; une phase, enfin, proprement latine commençant avec l'époque antonine.
Édition corpus: RIG I p. 367, 368, 370-381 ; RIG I p. 371-373 fig. 311-314 .
Commentaire bibliographique: Reinach 1906a p. 403 ; Rhŷs 1906 p. 372 ; Espérandieu 1906-1907a p. 43-45 ; Espérandieu 1906-1907b p. 270-272 ; Espérandieu 1906-1907b pl. XXIX ; Espérandieu 1907 p. 134-136 ; Rhŷs 1911 p. 300-311 ; Rhŷs 1911 pl. IVbas,V,VIhaut ; CIL XIII-IV p. 34 (11258) ; Dottin 1918 p. 161 (35) ; Schmidt 1957 ; Duval 1960a ; Holder 1962 ; Evans 1967 ; Whatmough 1970 p. 502-504 (165) ; Lejeune 1979d ; Lejeune 1980b p. 56-68 ; Lejeune 1980b pl. I-IV ; Olivier 1980 ; p. 349-531 .
Texte 1 G257-Cg
01 [ ··14-16·· ]Κ̣ΝΟ//ΔỌ 02 [ ··16-18·· ]Ϲ 03 [ ··16-18·· ] 4 [ ··14-16·· ]Ν̣Ο |
01 [ ··14-16·· ] κ̣νο δọ 02 [ ··16-18·· ]ς 03 [ ··16-18·· ] 4 [ ··10-12·· αλισα]ν̣ο |
01 [ ··14-16·· ]Κ̣ΝΟ//ΔỌ 02 uac. Ϲ 03 uac. 4 [ ··10-12·· ··5-7·· ]Ν̣Ο |
01 [ ··14-16·· ] κ̣νο δọ 02 ς 03 4 [ειωρου] [ ··5-7·· αλισα]ν̣ο |
01 [ ··14-16·· ] κ̣νο δọ 02 [ ··16-18·· ]ς 03 [ ··16-18·· ] 4 [ ··10-12·· αλισα]ν̣ο |
idionyme masc. sg. patronyme masc. sg. formule votive théonyme datif masc. sg. |
01 [ ··14-16·· ] κ̣νο δọ 02 ς 03 4 [ειωρου] [ ··5-7·· αλισα]ν̣ο |
idionyme masc. sg. patronyme masc. sg. formule votive théonyme datif masc. sg. |
Texte 2 G257-A-B-Cd
01 ϹΑ[ .. ]Τ̣ΑΛΟ[ . ]̣ΥΟΥⲰΤ̣[ .... ] 02 ϹЄϹ[ ··2-3·· ]Λ̣Α̣ΜΑ[ . ]:ΓΑΡΜΑ̣[ .... ] 03 ΒΙΡΑ̣Κ̣ΟΤⲰΥ̣ΤΙ[ ··1-2·· ]ΑΝ̣ΝΟ̣[ ··3-4·· ] 4 ΚΟΒ̣ΡΙΤΟΥΛ̣Ⲱ[ ··3-4·· ]Β:ΑΤ̣[ ··3-4·· ] |
01 σα[μο]τ̣αλο[ς] [α]υουωτ̣ [ευρι] 02 σες[ ··2-3·· ]λ̣α̣μα[ . ]:γαρμα̣[ .... ] 03 βιρα̣κ̣οτωυ̣τι[ ··1-2·· ]αν̣νο̣[ ··3-4·· ] 4 κοϐ̣ριτουλ̣ω[ ··3-4·· ]ϐ:ατ̣[ ··3-4·· ] |
01 σα[μο]τ̣αλο[ς] [α]υουωτ̣ [ευρι] 02 σες[ ··2-3·· ]λ̣α̣μα[ . ]:γαρμα̣[ .... ] 03 βιρα̣κ̣οτωυ̣τι[ ··1-2·· ]αν̣νο̣[ ··3-4·· ] 4 κοϐ̣ριτουλ̣ω[ ··3-4·· ]ϐ:ατ̣[ ··3-4·· ] |
idionyme nominatif masc. sg. thème en -o verbe 3e pers. sg. prétérit |
Traduction:
Apparat critique:
Remarques de Michel Lejeune : MLE-Cg-a MLE-A-B-Cd-a
Il est impossible que C appartienne au même bloc que A et B. D'autre part la hauteur de C diffère de celle de A et B (et, dans une construction aussi soignée, une différence de 5 mm suffit à impliquer une diversité d'assises). D'autre part (et de façon immédiatement évidente à l'œil) la fin de la ligne ...]νο de CG ne peut être dans l'alignement ni de A3+B3 ni de A4+B4. Renoncer donc à la restitution simpliste A+B+CG de nos éditions et loger C sur une autre assise, soit supérieure, soit inférieure.
Si l'on admet comme hypothèse de travail que A et B (non-jointifs) appartiennent à un même bloc, les lignes B continuant vers la droite, après une lacune, les lignes A (RIG I 313 pp. 373), il en résulte que le texte A+B commence par une signature σαμοταλος αυουωτ. Espérandieu dès 1906 avait identifié l'anthroponyme Samatolos, déjà connu en pays Leuque (CIL XIII (4685) : à Soulosse, à 30 km au sud-sud-ouest de Toul, dédicace à Rosmerta par un Cintusmus fils de Samotalus) ; sur ce composé, cf. Holder 1962 II (1347), Schmidt 1957 (265, 274), Evans 1967 (109, 252, 259). Vient ensuite, bien connu, le verbe « fēcit » (cf. CDO-01-01, CDO-02-01, etc.). [On s'étonne que Rhŷs ait pu envisager un patronyme **Αυουωτ[ι]κνος, comme qui tirerait d'une signature latine un gentilice Fēcit(ius) !]. Samotalos est le sculpteur du dieu au bélier d'Alise-Sainte-Reine, comme Dagolitus est le sculpteur de l'évergète de Saint-Germain-Source-Seine (CDO-02-01).
Mais il serait tout à fait insolite que, sur la base, la signature précédât la dédicace. C'est donc au-dessus du bloc A+B qu'il faut situer le bloc C, susceptible d'avoir contenu la dédicace. On est là conduit à une analyse ternaire du document :
Si l'on admet comme hypothèse de travail que A et B (non-jointifs) appartiennent à un même bloc, les lignes B continuant vers la droite, après une lacune, les lignes A (RIG I 313 pp. 373), il en résulte que le texte A+B commence par une signature σαμοταλος αυουωτ. Espérandieu dès 1906 avait identifié l'anthroponyme Samatolos, déjà connu en pays Leuque (CIL XIII (4685) : à Soulosse, à 30 km au sud-sud-ouest de Toul, dédicace à Rosmerta par un Cintusmus fils de Samotalus) ; sur ce composé, cf. Holder 1962 II (1347), Schmidt 1957 (265, 274), Evans 1967 (109, 252, 259). Vient ensuite, bien connu, le verbe « fēcit » (cf. CDO-01-01, CDO-02-01, etc.). [On s'étonne que Rhŷs ait pu envisager un patronyme **Αυουωτ[ι]κνος, comme qui tirerait d'une signature latine un gentilice Fēcit(ius) !]. Samotalos est le sculpteur du dieu au bélier d'Alise-Sainte-Reine, comme Dagolitus est le sculpteur de l'évergète de Saint-Germain-Source-Seine (CDO-02-01).
Mais il serait tout à fait insolite que, sur la base, la signature précédât la dédicace. C'est donc au-dessus du bloc A+B qu'il faut situer le bloc C, susceptible d'avoir contenu la dédicace. On est là conduit à une analyse ternaire du document :
- Dédicace de la statue divine soit par la cité soit par un évergète (sur l'assise inscrite supérieure ; seuls vestiges : les fins de lignes CG).
- Signature σαμοταλος αυουωτ, logée au début du texte de l'assise inscrite inférieure A - B.
- Vient ensuite (fin de la l.1), et lignes 2-4 de cette même assise) un catalogue de noms d'hommes (comme sur la pierre de Vitrolles BDR-14-01, ou comme sur l'épitaphe cisalpine de Briona), ce qui marque le caractère officiel du document (liste de « notables » cautionnant, ici, l'offrande). Détail (à ajouter aux observations de Lejeune 1980b : il nous paraît à présent probable que la ligne (unique) de CD (dont subsistent les deux premières lettres) représente la fin de cette liste de noms ; le lapicide, n'ayant pu la faire tenir tout entière sur le bloc A+B, aurait reporté le complément (probablement bref) au haut de la face droite, au même niveau que le début du texte sur la face principale. Ceci suppose, bien entendu, qu'il n'y avait pas, au-dessous du bloc A+B, d'emplacement disponible (contrairement à ce que nous imaginions précédemment, cf. Lejeune 1980b pp. 59).
Remarques de Michel Lejeune : MLE-Cg-a MLE-Cg-b
C'est sur la face gauche du bloc C que devait porter la dédicace.
Éléments attendus :
Éléments attendus :
- Désignations du dédicant au nominatif ; il en reste, à la fin de la première ligne, la terminaison ...ι]κνος de l'adjectif patronymique. Rien d'impossible à ce que le nom du dédicant, et celui du père, aient (s'il s'agit de composés) compté chacun de dix à douze lettres.
- Verbe de dédicace (supposer ειωρου, comme à Vaison : VAU-13-01), éventuellement accompagné d'une formule indiquant la participation de la cité (alors : « prō cīuitāte dēdicāuit »).
- Datif du dieu dédicataire, très probablement suivi d'une épiclèse topique (qu'on voit ailleurs suffire à désigner le dieu : Doiros Segomari ieuri Alisanu sur la patère de Couchey Dottin 1918 (37) = Whatmough 1970 (161)). C'est sur ...αλισα]νο que doit se terminer la dernière ligne. On notera qu'ici la finale du datif singulier thématique en -ο, comme à Calissanne (βελεινο, BDR-10-01), et non, comme le plus souvent, en -ου ou -ουι. Rien ne donne à penser qu'il s'agisse nécessairement de l'un ou de l'autre des deux dieux locaux dont nous trouvons déjà savoir les noms (Ucuetis le forgeron, Moritasgos le guérisseur) ; nous ignorons comment s'appelle ce troisième personnage divin. Même si on lui suppose un nom aussi long que celui de Moritasgos, théonyme et épiclèse ne suffisent pas à garnir la dernière ligne : il s'en faut d'une demi-douzaine de lettre au début.
Remarques de Michel Lejeune : MLE-Cg-a
La première hypothèse est celle qui avait été proposée dans Lejeune 1980b 3 pp. 63 : l.1 pour le dédicant ; l.2 médiane (plus courte à gauche et à droite que les deux autres) pour une formule votive développée mentionnant la touta ; l.3 pour le dédicataire, en supposant par exemple *δεουο / « dēo » avant théonyme ou épiclèse.
Remarques de Michel Lejeune : MLE-Cg-b
L'autre, plus simple (et donnant un dispositif plus aéré) implique seulement deux lignes, la première pour le dédicant, la dernière pour ειωρου + datif bimembre.
Remarques de Michel Lejeune : MLE-A-B-Cd-a
Le texte A+B commencerait par une signature (sujet en A1, verbe αυουωτ en B1). Les autres lapicides gallo-grecs ne donnent, dans leur signature, que leur idionyme (ιτος à Alise-Sainte-Reine même, CDO-01-01 ; δαγολιτους à Saint-Germain-Source-Seine, CDO-02-01) ; on tiendra pour plausible la même pratique ici : σαμ[ο]ταλο[ς] non suivi de patronyme. Ceci commande une restitution A+B (RIG I 313 pp. 373) où auraient été perdues, entre deux ensembles, une lettre au plus à la l.2, une lettre (ou deux ?) à la l.3, environ trois lettres à la l.4.
Dans l'hypothèse envisagée ci-après, il manquerait seulement, à la l.1, quatre ou cinq lettres après αυουωτ. D'où une restitution minimale qui serait approximativement celle proposée.
Le catalogue. Il apparaît que tout ou partie de ce qui suit αυουωτ est constitué d'anthroponymes. Dans l'hypothèse d'une épitaphe (hypothèse, on l'a vu, non-recevable), Rhŷs envisageait des noms de personnes (masc. ou fem.) d'abord au nominatif puis au datif (« Y. pour X. »). C'est une liste de noms au nominatif (et non des noms d'hommes seulement à qu'il faut attendre s'il s'agit bien de notables associés de quelque façon à la dédicace (magistraux locaux, par exemple, si la statue a été offerte au nom de la cité). Mais une telle liste, venant après la signature σαμ[ο]ταλο[ς] αυουωτ, comporterait nécessairement un intitulé, si bref fût-il, spécifiant la fonction ou le rôle des personnages, intitulé où figurait à tout le moins soit un nom au pluriel soit un verbe au pluriel. Cet intitulé ou bien tenait dans la fin (perdue) de la l.A/B1 (si les lignes étaient plus longues que nous l'avons supposé), ou bien était réparti entre les deux premières lignes, la seconde nous en conservant alors la fin (avec une marque morphologique de pluriel). Or (si l'on admet que le lapicide n'ait pas fait coïncider fins de mots et fins de lignes), ...]|σες, au début de la l.2, pourrait fournir une finale de nominatif pluriel athématique. On est alors amené à évoquer le mot EVRISES qui figure sur le pilier des Nautes Parisiaques (Dottin 1918 , Whatmough 1970 (171) ; document, à une génération près, contemporain du nôtre) ; de deux groupes de trois hommes, imberbes d'une part, barbus d'autre part, EVRISES y signale le second, nous avons proposé (Lejeune 1979d pp. 106 sv.) d'y voir un comparatif « seniōrēs », avec référence au rôle politico-religieux joué, au Ier siècle de notre ère, dans certaines citées gallo-romaines, par un collège de sēuirī (trois seniōrēs, trois iūniōrēs), cf. Duval 1960a pp. 11. C'est à partir d'une éventuelle restitution σαμ[ο]ταλο[ς] αυουωτ [ευρι]|σες... ou σαμ[ο]ταλο[ς] αυουωτ [εουρι]|σες... (les deux orthographes devaient être possibles en gallo-grec) que nous avons plus haut évalué la longueur minimale des lignes.
Une des étrangetés du texte est l'usage, à deux reprises (au moins), d'interponctions. On peut, certes, imaginer qu'elles séparaient des séquences de mots (plutôt que des mots) ; mais il faudrait de toute façon admettre (l.4) un mot gaulois terminé par -b, ce qui, dans l'état de nos connaissances, est peu plausible. On peut alors imaginer, comme solution de rechange, que ce soient des marques d'abréviation ; le graveur (peut-être craignant de manque de place sur la face A+B, ce qui est, en fait, arrivé) aurait abrégé certains noms ; mais d'un tel emploi gallo-grec de l'interponction, lié à l'abréviation, nous n'avons pas d'autre exemple.
L'analyse du catalogue, dans le détail, demeure hors de portée, à cause des lacunes du texte, et à cause de notre incertitude sur les limites des mots. Un thème Biraco- existe bien ailleurs (cf. Holder 1962 I (423), Holder 1962 III (867), Evans 1967 (313)), mais il n'existe pas, semble-t-il, en composition ; alors ici (avec même notation -ο pour -ō que dans la dédicace), nominatif de thème à nasale (qui serait, en écriture latine, soit Biracō soit Biracū) ? Hors de cet exemple, rien de clair. Noter que τωυτι[..., qui suit βιρακο, n'est pas nécessairement l'appellatif qu'y voient Espérandieu et Dottin (évoquant le τοουτιο{υ}ς de Vaison, VAU-13-01) : ce pourrait être aussi bien un élément de nom propre (Schmidt 1957 (280), Evans 1967 (266)). Ajouter que nous ne savons si ces notables étaient désignés par idionyme seul ou idionyme + patronyme.
Il est donc impossible de dire, combien de personnages se trouvaient là nommés et si le collège d'Alise-Sainte-Reine avait même effectif d'Anciens que celui des Parisiaques.
Dans l'hypothèse envisagée ci-après, il manquerait seulement, à la l.1, quatre ou cinq lettres après αυουωτ. D'où une restitution minimale qui serait approximativement celle proposée.
Le catalogue. Il apparaît que tout ou partie de ce qui suit αυουωτ est constitué d'anthroponymes. Dans l'hypothèse d'une épitaphe (hypothèse, on l'a vu, non-recevable), Rhŷs envisageait des noms de personnes (masc. ou fem.) d'abord au nominatif puis au datif (« Y. pour X. »). C'est une liste de noms au nominatif (et non des noms d'hommes seulement à qu'il faut attendre s'il s'agit bien de notables associés de quelque façon à la dédicace (magistraux locaux, par exemple, si la statue a été offerte au nom de la cité). Mais une telle liste, venant après la signature σαμ[ο]ταλο[ς] αυουωτ, comporterait nécessairement un intitulé, si bref fût-il, spécifiant la fonction ou le rôle des personnages, intitulé où figurait à tout le moins soit un nom au pluriel soit un verbe au pluriel. Cet intitulé ou bien tenait dans la fin (perdue) de la l.A/B1 (si les lignes étaient plus longues que nous l'avons supposé), ou bien était réparti entre les deux premières lignes, la seconde nous en conservant alors la fin (avec une marque morphologique de pluriel). Or (si l'on admet que le lapicide n'ait pas fait coïncider fins de mots et fins de lignes), ...]|σες, au début de la l.2, pourrait fournir une finale de nominatif pluriel athématique. On est alors amené à évoquer le mot EVRISES qui figure sur le pilier des Nautes Parisiaques (Dottin 1918 , Whatmough 1970 (171) ; document, à une génération près, contemporain du nôtre) ; de deux groupes de trois hommes, imberbes d'une part, barbus d'autre part, EVRISES y signale le second, nous avons proposé (Lejeune 1979d pp. 106 sv.) d'y voir un comparatif « seniōrēs », avec référence au rôle politico-religieux joué, au Ier siècle de notre ère, dans certaines citées gallo-romaines, par un collège de sēuirī (trois seniōrēs, trois iūniōrēs), cf. Duval 1960a pp. 11. C'est à partir d'une éventuelle restitution σαμ[ο]ταλο[ς] αυουωτ [ευρι]|σες... ou σαμ[ο]ταλο[ς] αυουωτ [εουρι]|σες... (les deux orthographes devaient être possibles en gallo-grec) que nous avons plus haut évalué la longueur minimale des lignes.
Une des étrangetés du texte est l'usage, à deux reprises (au moins), d'interponctions. On peut, certes, imaginer qu'elles séparaient des séquences de mots (plutôt que des mots) ; mais il faudrait de toute façon admettre (l.4) un mot gaulois terminé par -b, ce qui, dans l'état de nos connaissances, est peu plausible. On peut alors imaginer, comme solution de rechange, que ce soient des marques d'abréviation ; le graveur (peut-être craignant de manque de place sur la face A+B, ce qui est, en fait, arrivé) aurait abrégé certains noms ; mais d'un tel emploi gallo-grec de l'interponction, lié à l'abréviation, nous n'avons pas d'autre exemple.
L'analyse du catalogue, dans le détail, demeure hors de portée, à cause des lacunes du texte, et à cause de notre incertitude sur les limites des mots. Un thème Biraco- existe bien ailleurs (cf. Holder 1962 I (423), Holder 1962 III (867), Evans 1967 (313)), mais il n'existe pas, semble-t-il, en composition ; alors ici (avec même notation -ο pour -ō que dans la dédicace), nominatif de thème à nasale (qui serait, en écriture latine, soit Biracō soit Biracū) ? Hors de cet exemple, rien de clair. Noter que τωυτι[..., qui suit βιρακο, n'est pas nécessairement l'appellatif qu'y voient Espérandieu et Dottin (évoquant le τοουτιο{υ}ς de Vaison, VAU-13-01) : ce pourrait être aussi bien un élément de nom propre (Schmidt 1957 (280), Evans 1967 (266)). Ajouter que nous ne savons si ces notables étaient désignés par idionyme seul ou idionyme + patronyme.
Il est donc impossible de dire, combien de personnages se trouvaient là nommés et si le collège d'Alise-Sainte-Reine avait même effectif d'Anciens que celui des Parisiaques.
Commentaires:
Remarques de David Stifter : MLE-A-B-Cd-a
ΛΑΜΑ and ΓΑΡΜΑ are reminiscent of PC *φlāmā ‘hand’ and *garsman ‘cry, shout’, but because of the unclear word-division, nothing certain can be said.
Commentaire sociolinguistique:
Remarques de Michel Lejeune : MLE-A-B-Cd-a
Il s'agirait ici des Anciens du Conseil d'Alise-Sainte-Reine, mentionnés pour certifier (et dater ?) l'acte de dédicace.
Remarques de María José Estarán :
- Genre épigraphique : lapidaire ou public ? Il n'y a pas de raison de penser qu'il s'agisse d'un texte religieux.
- le contexte archéologique est celui d'un sanctuaire, mais le texte semble être une liste de noms. On ne sait sur quoi se base Lejeune pour déterminer que ces noms sont ceux des membres d'un "Sénat" ; la mention de ces membres servent par ailleurs pour dater la dédicace ?
- Le second terme est probablement [α]υουωτ̣, mais il n'est pas assuré que ce soit [α]υουωτ̣[ευρι]σες uniquement car la seconde ligne commence par σες. Il n'y a pas de raison solide pour cette reconstruction.
- Si le texte commence par σα[μο]τ̣αλο[ς] [α]υουωτ̣, il serait étrange que l'inscription débute par la signature de l'artisan, comme il est dit dans la fiche, de telle sorte que nous sommes peut-être devant la commémoration de "quelque chose" que Samotalos a réalisée.
- Onomastique : la personne principale est désignée par un idionyme simple.
- Particularités épigraphiques : présence d'interponctions, même s'il n'est pas assuré qu'elles soient systématiques (βιρα̣κ̣οτωυ̣τι[---]).
Bibliographie du RIG: Holder 1896–1913 ; Reinach 1906a ; Rhŷs 1906 ; Espérandieu 1906-1907b ; Espérandieu 1906-1907a ; Espérandieu 1907 ; Rhŷs 1911 ; Dottin 1918 ; Duval 1960a ; Whatmough 1970 ; Lejeune 1979d ; Lejeune 1980b ; Olivier 1980 ; RIG I ;
Bibliographie du RIIG: CAG 21-01 ; Chadier 2011.
Linked Data:
- Troisième quart du Ier siècle : http://n2t.net/ark:/99152/p09hq4nbjr5
- Base : https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtjyu8fGvM12
- Calcaire : https://www.eagle-network.eu/voc/material/lod/57
- En plusieurs fragments : https://www.eagle-network.eu/voc/statepreserv/lod/5
- Gravée : https://www.eagle-network.eu/voc/writing/lod/3
- Musée Alésia : https://www.trismegistos.org/collection/3007
- Lugdunensis : https://www.trismegistos.org/place/19858
- Alise-Sainte-ReineAlisiίa᾽᾽ΑλησίαAlesia : https://www.trismegistos.org/place/23544
- Mandubii : https://www.trismegistos.org/place/23913
- France : https://www.trismegistos.org/place/693
How to cite: Ruiz Darasse C., Blanchet H., Stifter D., Estarán M.-J., Chevalier N., Prévôt N., « RIIG CDO-01-02 », dans Ruiz Darasse C. (éd.), Recueil informatisé des inscriptions gauloises, https://riig.huma-num.fr/, DOI : 10.21412/petrae_riig_CDO-01-02 (consulté le 9 décembre 2024).
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URI : https://riig.huma-num.fr/documents/CDO-01-02
Dernière modification : 2023-04-14; Michel Lejeune (First editor); Coline Ruiz Darasse (Project coordinator and contributor); Hugo Blanchet (Contributor); David Stifter (Contributor); María José Estarán Tolosa (Contributor); Nolwenn Chevalier (Metadata, TEI encoding); Nathalie Prévôt (Database Design)